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Marché: Trump, Tarifs, Trade... les analyses de Nomura

Retour de Trump à la Maison-Blanche, guerre commerciale, droits de douane agressifs... " C'est un tout nouveau monde qui est en train de se dessiner devant nous ", expose en substance Andrzej Szczepaniak, Senior European Economist chez Nomura, ce mercredi 11 juin, à l'occasion d'un rendez-vous avec la presse.

Depuis le retour du Républicain à Washington, les marchés font face à un niveau d'incertitude inédit, qui évolue au gré des annonces chocs, des déclarations outrancières et des revirements surprises du président.

Le 2 avril, Trump annonçait la mise en place de "tarifs" dits réciproques vis-à-vis du reste du monde, provoquant la stupeur des marchés. Une semaine plus tard, il annonçait un gel de ces mesures pour une période de 90 jours... tout en déclenchant les hostilités face à Pékin avec l'adoption de droits de douane prohibitifs de... 145 % !

Peu d'informations filtrent pour le moment au sujet des négociations commerciales entre les USA et l'UE. Le 9 juillet marquera la fin de la période de pause accordée par Trump et une entrée dans l'inconnu.

" Pour l'instant, le scénario de base de la plupart des économistes est celui de droits de douane à 10 % pour tout le monde et de 30 % pour la Chine ", indique Nomura.
" Attention à ne pas minimiser ces chiffres, qui restent toujours beaucoup plus élevés que ce que l'on avait précédemment ", prévient Andrzej Szczepaniak.

Si Donald Trump a habitué les marchés à ses incessants revirements, on peut néanmoins reconnaître au Républicain sa constance sur un point : la lutte contre le déficit commercial des États-Unis, qu'il considère comme la source de tous les maux du oays.

Pourtant, " une balance commerciale négative n'a absolument rien d'anormal dans la mesure où le consommateur américain achète bien plus que ce que le pays est en mesure de produire ", souligne-t-on chez Nomura. Quoi qu'il en soit, les 'tarifs' commencent déjà à porter leurs fruits.

En effet, la hausse des droits de douane — notamment vis-à-vis de la Chine — a déjà fait bondir les recettes fédérales. En avril, plus de 22 milliards de dollars ont été collectés, contre une moyenne de l'ordre de 7 milliards de dollars par mois entre 2020 et 2024.

Le taux moyen de taxation des importations est passé de 2% ou 3% à 20%, quand les marchés tablaient sur une hausse plus limitée, autour des 10 %, ajoute Andrzej Szczepaniak.

" Un tel niveau de taxation est inédit depuis la loi Hawley-Smoot, qui date de la Grande Dépression, en 1930 ", pointe-t-il. Et de rappeler l'un des calculs de la BCE : des tarifs de 10 % contre l'UE auraient un impact négatif de 70 points de base sur la croissance sur trois ans.

Dans ces circonstances, Nomura anticipe une hausse de l'inflation aux États-Unis au cours des 12 prochains mois (entre 2,8 % et 4,1 % en janvier 2026, selon la stratégie tarifaire qui sera adoptée) et estime que la Fed patientera plusieurs mois avant d'assouplir sa politique monétaire.

" Notre scénario, c'est une baisse des taux de la Fed en décembre, suivie par deux baisses en 2026, en janvier et mars ", indique l'analyste, qui se montre toutefois prudent, conscient de la difficulté à esquisser des scénarios dans ce contexte.

En effet, la complexité des scénarios liés aux tarifs, aux politiques fiscales et aux réactions des marchés rend les prévisions plus incertaines que par le passé.

Concernant le Vieux Continent, Nomura se risque à anticiper deux baisses de taux supplémentaires de la BCE en fin d'année, en septembre et décembre, avec un taux cible de 1,5 %.

" On devrait donc assister à un décalage temporel entre la Fed et la BCE dans l'application de leur politique monétaire ", souligne Andrzej Szczepaniak.

Selon Nomura, la baisse de la croissance devrait entraîner une désinflation plus marquée qu'anticipé, en particulier sous l'effet indirect des tarifs douaniers américains et du dumping chinois, qui font baisser les prix à l'importation.

Cela pourrait même forcer la BCE à aller plus loin dans la baisse des taux qu'attendu (1,5 % envisagé, voire 1,25 % en scénario de risque).
Les politiques fiscales nationales joueront aussi un rôle crucial : l'Allemagne prévoit un important stimulus budgétaire (42 milliards d'euros), qui pourrait limiter l'ampleur des baisses de taux.

En parallèle, le marché anticipe une réallocation massive de capitaux des États-Unis vers l'Europe (environ 150 milliards de dollars envisagés), sous l'effet des tensions commerciales et du désir de diversification. Cela soutiendrait l'euro (objectif de 1,20 USD) et renforcerait la désinflation européenne.

Malgré un effet désinflationniste à court terme en Europe - lié à la réorientation des produits chinois vers le vieux continent - les "tarifs" américains pourraient provoquer une stagflation mondiale à plus long terme, juge Nomura, évoquant une inflation structurellement plus élevée en raison d'une désorganisation des chaînes de valeur.


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