Wall Street: euphorie absolue, flambée des taux ignorée
(CercleFinance.com) - Wall Street célèbre frénétiquement l'apaisement des tensions entre Washington et Pékin sur le dossier commercial.
En effet, après un week-end de tractations entre leurs délégations respectives à Genève, les États-Unis et la Chine devraient suspendre une partie de leurs droits de douane prohibitifs pour une période de 90 jours.
Les droits de douane appliqués à la Chine devraient néanmoins s'établir à 30% (contre 145%) et ceux appliqués par Pékin seraient de 10% (contre 125%).
Les détails de l'accord ne sont pas connus, mais les investisseurs — qui misent depuis quatre semaines, sans marquer le moindre temps mort, sur le scénario d'une reprise des négociations — réagissent comme s'il s'agissait d'une "divine surprise", survenant au moment où les marchés touchaient le fond de la désespérance.
Et ce, alors qu'ils avaient déjà repris entre 15% et 22% et effacé toutes leurs pertes depuis le 2 avril (annonces de Donald Trump sur les "tarifs"), ou même retrouvé leurs meilleurs niveaux depuis le 25 mars.
Car chaque séance de hausse — même les jours où les "statistiques" américaines étaient mauvaises — était mise sur le compte des "espoirs d'un accord".
Il aurait pu se produire un phénomène de "fait accompli", mais c'est tout l'inverse : les indices américains ont fini au plus haut, du jour, du mois de mai, et même depuis deux mois !
Le Dow Jones a bondi de 2,8%, le S&P500 de 3,25% à 5.844, et le Nasdaq s'est littéralement enflammé de 4,35%, dans le sillage d'un indice "SOXX" littéralement en éruption avec +7,3%, porté par Microchip (+10,2%), ON Semiconductor (+8,9%), Applied Materials (+8%) ou encore Nvidia et Broadcom (+6,4%) ainsi qu'AMD (+5,2%).
Cette fois-ci, Wall Street n'évolue plus à ses niveaux de fin mars, mais de fin février ou de début mars : entre 70% et 80% des pertes depuis les sommets ont été effacées.
C'est la reprise en "V" la plus spectaculaire du XXIᵉ siècle, et les actions américaines gravitent désormais à des niveaux bien supérieurs à ceux atteints quatre semaines avant les annonces de Trump.
Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a salué les annonces du week-end, soulignant que "les différences de positions n'étaient peut-être pas aussi grandes qu'on le pensait".
Et pourtant, 30% de "tarifs" sur les importations chinoises pendant encore 90 jours auront un fort impact inflationniste.
L'impact sur les prix, conjugué à un climat de "risk-on" univoque (jamais les particuliers n'ont été à ce point investis, et avec autant d'effet de levier, depuis l'an 2000), fait flamber les rendements obligataires : celui des obligations américaines à 10 ans évolue au-delà de 4,47% (+9 points de base), le taux à 30 ans grimpe de +7 points de base vers 4,905%, tandis que le taux à 2 ans, avec +13 points de base (!), renoue avec les 4,00%... pour terminer à 4,01%. Ce sont les pires niveaux observés depuis le 11 avril, ou le 21 février.
L'espoir d'un compromis entre la Chine et les États-Unis occulte même les +40 points de base du "2 ans" depuis le début du mois, et permet au dollar de gagner +2% face au yen et +1,5% face à l'euro (qui reflue vers 1,1080$).
Dans ce contexte d'euphorie tous azimuts, le baril de WTI progresse de +3,3% vers 63$ sur le NYMEX.
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