Marché: le redressement de Wall Street a fait long feu
(CercleFinance.com) - Après son sursaut de la veille, la Bourse de Paris devrait de nouveau céder du terrain mercredi à l'ouverture, les craintes entourant l'entrée en vigueur aujourd'hui des nouveaux droits de douane américains l'emportant sur l'espoir placé dans d'éventuelles négociations ou de possibles mesures de soutien de la Fed.
Vers 8h15, le contrat "future" sur l'indice CAC 40 - livraison avril - lâche plus de 250 points à 6861 points, laissant entrevoir des pertes de plus de 3% dès les premiers échanges.
Après avoir gagné jusqu'à 3,6% hier après-midi, le marché parisien avait cédé une petite partie de ses gains au cours de la dernière heure de cotation, mais réussi à finir la séance sur un gain de 2,5% à 7100 points.
Problème, le mouvement de rachats à bon compte observé sur les marchés d'actions américains depuis le début de semaine s'est brusquement enrayé hier, signe que les investisseurs ne sont pas encore convaincus par l'opportunité d'un rebond.
Le revirement à la baisse de Wall Street s'est enclenché dès la confirmation par Donald Trump, en visite dans une mine de charbon, qu'une surtaxe de 50%, en plus des 54% imposés depuis le 2 avril, entrerait bien en vigueur aujourd'hui sur les importations chinoises.
Sans dévoiler de mesures de rétorsion, Pékin a déclaré qu'il était prêt à se battre jusqu'au bout si les Etats-Unis restaient déterminés à mener une guerre tarifaire.
Dans ces conditions, ce sont les inquiétudes d'un choc inflationniste frontal et d'un ralentissement de la croissance jusqu'à un niveau proche de la récession qui devraient de nouveau dominer les échanges mercredi.
En Asie, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo rechutait de plus de 4% aujourd'hui après son rebond de 6% de la veille tandis que le MSCI Asie Pacifique lâchait autour de 2,4%.
A New York, les contrats à terme préfigurent une baisse de plus de 2% du Dow Jones, du S&P 500 et du Nasdaq cet après-midi.
Si la correction des places boursières mondiales semble déjà substantielle, de nouvelles ventes "panique" semblent possibles en cas de l'absence de bonnes nouvelles sur le front du commerce ou des banques centrales.
"A court terme, la situation pourrait encore se détériorer avant de s'améliorer", prévient Andrew Lake, responsable de la gestion obligataire chez Mirabaud Asset Management.
Le professionnel explique ainsi avoir décidé de réduire l'exposition au risque au sein de ses portefeuilles et d'adopter une position plus prudente.
"En 2020, après une première chute d'environ 15%, une deuxième vague de -30% avait suivi, avant une remontée fulgurante à partir du 18 mars, lorsque les flux de ventes forcées s'étaient taris", rappelle de son côté Dorian Raimond, le directeur du trading et de la stratégie obligataire chez Hilbert Investment Solutions.
Depuis son récent plus haut du mois de février, le S&P 500 a décroché de 18,9%, ce qui le rapproche d'une entrée en "marché baissier" caractérisé par une baisse d'au moins 20%.
Dorian Raimond, chez Hilbert, rappelle toutefois qu'un investissement réalisé à mi-parcours de la baisse liée au Covid en 2020 avait recouvré sa valeur en deux mois, malgré l'ampleur de la correction.
La tendance est également plombée par la remontée rapide des rendements obligataires, un mouvement qui s'est accentué hier, le rendement des bons du Trésor à dix ans étant revenu à 4,21% contre moins de 4% vendredi.
Ce regain de tensions montre que les espoirs d'une baisse des taux ne sont pas jugés très solides, alors que la crainte d'un ralentissement économique pourrait laisser espérer un retour à des politiques accommodantes.
Si certains économistes, comme ceux de Goldman Sachs, tablent sur trois, voire quatre baisses de taux cette année, d'autres craignent que la Fed s'abstienne de réduire ses taux jusqu'en décembre.
"Cette fois-ci, les marges de manoeuvre de la Fed pour soutenir l'activité à court terme seront limitées par l'inflation induite par ces nouvelles mesures tarifaires", prévient Sébastien Grasset, chez Auris Gestion.
En zone euro, l'inflation devrait en revanche poursuivre sa décrue, rendant possible une accélération de l'assouplissement monétaire de la BCE.
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