Marché: les investisseurs sombrent dans la déprime
(CercleFinance.com) - La Bourse de Paris devrait replonger lundi matin, poursuivant sa correction de la semaine dernière sur fond d'inquiétudes liées à la mise en place des droits de douane "réciproques" de Donald Trump.
Vers 8h15, le contrat à terme sur l'indice CAC 40 - échéance avril - lâche 201,5 points à 7080,5 points, annonçant un début de séance en baisse d'au moins 2%.
A l'instar des autres places mondiales, le marché parisien avait déjà vécu une séquence cauchemardesque jeudi et vendredi, en abandonnant plus de 7% en deux séances.
Ce brusque mouvement de repli a fait sombrer l'indice CAC 40 en territoire négatif depuis le début de l'année en raison des craintes d'une récession mondiale due à l'instauration de nouvelles surtaxes douanières aux Etats-Unis.
L'absence de visibilité et le manque de lisibilité concernant la politique commerciale devraient continuer de peser sur la confiance ce matin.
Les "futures" sur les principaux marchés d'actions américains accusent ce matin des reculs allant de 3% à 4,5%, laissant entrevoir une nouvelle hémorrhagie baissière à l'ouverture ce lundi.
Les marchés boursiers apparaissent très tendus en ce moment et donc vulnérables à de nouveaux épisodes de ventes massives.
A Wall Street, les grands indices new-yorkais ont subi la semaine dernière leurs pertes hebdomadaires les plus sévères depuis mars 2020, date des premiers confinements dus à l'épidémie de coronavirus.
Le Dow Jones a décroché de 8% sur l'ensemble de la semaine, le S&P 500 9% et le Nasdaq autour de 10%.
L'effet de contagion s'est propagé ce matin à l'Asie, où l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo dévissait de plus de 6% à l'approche de l'ouverture des Bourses européennes.
A Hong Kong, le Hang Seng décrochait de presque 12%.
Les investisseurs ont le sentiment qu'un mur d'inquiétudes se dresse devant eux à cause de la guerre commerciale, des possibles mesures de rétorsion à venir et de la perspective de plus en plus précise d'une entrée en récession.
Pour Michael Brown, stratégiste chez Pepperstone, la situation - déjà difficile - risque de devenir encore plus désagréable.
"Avec une croissance susceptible de ralentir fortement, et une inflation attendue en hausse, le pire n'est peut-être pas passé pour les marchés", prévient l'analyste.
Aux inquiétudes sur la conjoncture viennent en effet s'ajouter une nervosité certaine liée à l'absence de soutien de la part de la Réserve fédérale américaine, sur laquelle Wall Street mise habituellement en cas de difficultés.
Lors d'un déplacement effectué vendredi à Arlington en Virginie, Jerome Powell, le président de la Fed, a douché l'espoir d'une baisse rapide de taux au deuxième trimestre .
Le patron de la banque centrale estime en effet qu'il est trop tôt pour réduire les taux, jugeant que les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump sont de nature à renforcer les risques d'inflation.
La question en suspens est donc de savoir combien de temps va durer cette phase de correction et si elle marque l'avènement d'un marché baissier durable.
D'après les calculs de Citi, seul un indice S&P 500 à 4700 points viendrait intégrer pleinement intégrer les implications ayant trait à la nouvelle donne commerciale.
Cela correspond à un recul additionnel de plus de 7% par rapport aux niveaux actuels de l'indice de référence des gérants américains.
"Le ralentissement de l'économie devient maintenant une certitude et va entraîner inévitablement une révision à la baisse des résultats d'entreprise", prévient Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM.
"Si le plan d'investissement allemand peut permettre à l'Europe de compenser quelque peu, cela ne devrait pas être suffisant", précise le spécialiste.
Les taux obligataires se détendent d'ailleurs encore après plusieurs séances de forte volatilité.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans ressort à 3,98%, évoluant toujours à un plus bas de six mois.
Cette nouvelle semaine boursière sera marquée par la publication, jeudi, des chiffres de l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de mars, puis par le début de la saison des résultats des sociétés américaines, prévu vendredi.
Les commentaires que formuleront à l'occasion les grandes banques comme JPMorgan ou Morgan Stanley sur l'environnement de marché permettront de jauger des perspectives en matière d'investissements, qui ne s'annoncent guère brillantes au vu du contexte actuel.
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