Taux : le grand arbitrage au profit des Treasuries à démarré
(CercleFinance.com) - Le "risk-off" dope les marchés obligataires dans des proportions qui n'avaient plus été observées depuis mars 2022, mais en termes de correction boursière et de volatilité sur les "technos", la meilleure comparaison serait plutôt la première décade du mois de mars 2020.
Les indices boursiers subissent un nouveau trou d'air de -4 à -5% alors que la Chine a annoncé l'application de droits de douanes "réciproques" de 34% sur les importations américaines: les investisseurs s'interroge, quel sera le prochain pays à répliquer en usant d'une hausse punitive des droits de douane ?
La flambée des T-Bonds est à rapproche du plongeon du Dow Jones (-4%) du S&P 500 (-4,5%), tandis que le Nasdaq-100 dévisse de -4,6% sous son support des 16.700 points, validant ainsi un scénario de rupture technique à moyen terme.
Globalement, Wall Street est revenu sur ses niveaux de début août 2024 et 7.500Mds$ de valeur boursière ont été détruits depuis le 19 février dernier.
Il est logique que la vague de "risk-off" actuelle soutienne les Treasuries (n'est-ce pas le but de Trump face aux 9.200Mds$ qui doivent être refinancés cette année ?) : le T-Bond "2035" plonge sous les 4%, vers 3,9200%, soit -13,5Pts, à son plus bas niveau depuis octobre (-33Pts sur la semaine).
Mais le plus spectaculaire provient des T-Notes à 2 ans avec -15Pts vers 3,54% (et même 3,473% au plus bas, soit -25Pts), ce qui représente -36Pts sur la semaine.
L'espoir d'une baisse supplémentaire de taux en 202 (soit 3 mouvements) a été un peu douché par Jerome Powell qui s'exprimait à l'occasion d'un déplacement à Arlington (Virginie): il estime qu'il est trop tôt pour réduire les taux, d'autant que les nouveaux droits de douane annoncés ce mercredi 2 avril vont renforcer les risques d'inflation.
Il reconnait que la croissance économique sera mise sous pression (il ne prononce pas le mot "récession" qui est maintenant sur toutes les lèvres) et que le marché du travail va devenir moins dynamique.
A ce sujet, les "NFP" a été publié à 14H30 : on y découvre que l'économie américaine a généré 228.000 emplois non agricoles en mars, selon le Département du Travail (DoL), un nombre sensiblement supérieur (+70%) aux attentes des économistes, qui étaient en général de l'ordre de 135.000 selon Jefferies.
"Des gains d'emplois ont été enregistrés dans les secteurs de la santé, de l'assistance sociale, du transport et de l'entreposage", explique le DoL, précisant aussi que l'emploi a décliné dans l'administration fédérale.
Le taux de chômage s'est néanmoins accru de 0,1 point à 4,2%, là où une stabilité à 4,1% était anticipée en moyenne selon Jefferies, tandis que le taux de participation à la force de travail s'est établi à 62,5%, et que le revenu horaire moyen a augmenté de 3,8% sur un an.
Par ailleurs, les créations de postes non agricoles des deux mois précédents ont été révisées en baisse, de 125.000 à 111.000 pour janvier et de 151.000 à 117.000 pour février, soit un solde total de -48.000 pour ces 2 mois.
Pas de chiffres marquants à l'agenda en Europe : le compartiment obligataire européen a donc calqué sa trajectoire sur les T-Bonds : le rendement du Bund allemand à dix ans retombe sous 2,56% (-8,5Pts et -18Pts hebdo), celui des OAT de -4Pts vers 3,3300% (-11Pts hebdo, le "spread" avec le Bund grimpe de +7Pts vers +77), les BTP italiens se détendent de seulement -1,5Pts vers 3,7560%.
Enfin, les "Gilts" ont efface -7Pts vers 4,4460%, soit -25Pts en hebdo.
La question en suspens est de savoir combien de temps va durer cette phase de correction des bourses mondiales et si elle marque l'avènement d'un marché baissier durable.
Si les annonces de "ripostes" douanières se succèdent, les marchés n'ont que de mauvais coups à prendre... cela dit, la Chine appliquera ses "sur-tarifs" à compter du 10 avril, ce qui laisse 6 jours pour négocier.
Les investisseurs s'interrogent : le discours de Donald Trump marque-t'il le début d'une nouvelle ère, et peut-être la fin du libre-échange, un bouleversement auquel les marchés vont devoir s'habituer ?
"Le Jour de la Libération constitue un événement stratégique que les marchés ne vont pouvoir digérer qu'au fil du temps", prévient Michael Brown, stratégiste chez Pepperstone.
"Il ne s'agit pas d'un risque simplement "tactique" comme la décision d'une banque centrale que les intervenants peuvent intégrer en quelques minutes avant de passer à autre chose", souligne-t-il.
"En bref, le pire reste probablement à venir en matière de risque et je demeure partisan de vendre tout rebond susceptible de se matérialiser sur les actions", conclut l'analyste.
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