Wall Street: la Berezina continue, hémorrhagie sur le Nasdaq
(CercleFinance.com) - Après son plongeon de la veille, la Bourse de New York subit une rechute vendredi, dans des marchés déstabilisés par une nouvelle escalade dans la guerre commerciale déclenchée mercredi par Donald Trump.
En fin de matinée, le Dow Jones lâche encore 3,7% à 39.049,1 points, tandis que le Nasdaq Composite décroche de 4,7% à 15.770,2 points.
Le mouvement de panique qui a gagné les places financières mercredi les places financières avec la présentation de la politique commerciale ultra-protectionniste américaine se traduit par de lourdes pertes hebdomadaires.
Sur la semaine, le Dow plonge de 6% et le Nasdaq de 8,8%.
Il faut remonter à 2020, en pleine crise du Covid, pour retrouver un recul aussi marqué sur une semaine de l'indice à forte pondération technologique.
Les investisseurs s'inquiètent toujours de l'impact économique des annonces de Trump, susceptibles selon eux de déclencher une guerre commerciale d'ampleur dont les conséquences seraient désastreuses pour l'économie mondiale.
Pékin a fait savoir qu'il prévoyait d'adopter des contre-mesures contre les droits de douane "réciproques" instaurés par le président américain, tout en déclarant prêt à discuter sur les questions commerciales..
En un peu plus de cinq mois, le sentiment des investisseurs a basculé de l'euphorie totale liée à l'élection de Trump à la panique la plus complète.
Ce qui avait débuté par un mouvement de prudence lié à la perspective de surtaxes douanières ciblées s'est transformé cette semaine en une capitulation généralisée sur de nombreux actifs.
Les onze grands indices sectoriels du S&P 500 évoluent tous dans le rouge vendredi, le plus gros recul affectant les valeurs de l'énergie et de la finance, celles-ci étant particulièrement sensibles à la chute des rendements obligataires.
Elément intéressant, certains analystes estiment que les développements de la semaine écoulée correspondent davantage à ceux d'une guerre des rendements qu'à une guerre commerciale.
"Le gouvernement américain fait face à une vague massive de refinancement", rappelle Eric Demuth, le directeur général de Bitpanda, soulignant que ce sont 9.000 milliards de dollars d'obligations du Trésor qui doivent arriver à échéance d'ici la fin 2026.
De son point de vue, Trump a mis en place une "ingénierie du ralentissement économique" visant à faire baisser les rendements et à refinancer des milliers de milliards de dette à moindre coût.
"Voici la vérité brutale : la seule façon réaliste de faire baisser ce rendement est de ralentir l'économie. Par la force, si nécessaire", explique le patron de Bitpanda.
Dernier volet de ce plan, selon lui, l'idée serait ensuite de réenclencher un stimulus et de raviver l'économie en rouvrant les vannes monétaires.
En attendant, le regain d'aversion au risque provoque une nouvelle baisse des rendements obligataires américains, qui enfoncent de nouveaux plus bas depuis octobre dernier.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans recule ce matin de presque 14 points de base en direction de 3,91%.
Sur le marché des changes, le dollar remonte face à l'euro, qui repasse sous la barre de 1,10 après avoir atteint un pic spéculatif vers 1,1140 la veille.
Les prix du pétrole poursuivent leur repli, plombés par les craintes sur le demande et perspective d'une augmentation de la production des pays de l'Opep+.
Le baril de brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) perd plus de 7% sous les 62 dollars.
La publication, avant l'ouverture, d'un nombre supérieur de créations d'emplois supérieurs aux attentes en mars (228.000) n'a pas généré beaucoup de réaction, les économistes estimant que ces chiffres sont déjà obsolètes car caractéristiques du tableau économique avant les tarifs douaniers.
L'intervention prévue en fin de matinée de Jerome Powell, le président de la Fed, pourrait cependant faire bouger la tendance en alimentant les espoirs de mesures de soutien des banques centrales.
Les marchés anticipent désormais à plus de 43% une baisse de taux de 25 points dès le mois prochain, contre une probabilité de l'ordre de 18% il y a une semaine.
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