Marché: le contexte d'incertitude limite la prise de risques
(CercleFinance.com) - La Bourse de Paris est attendue sur de faibles variations mardi matin, dans un contexte de prudence après l'onde de choc créée la veille par les annonces de DeepSeek, alors que l'imminence de rendez-vous importants n'incite guère à la prise de risques.
Vers 8h15, le contrat "future" sur l'indice CAC 40 - échéance février - recule de 17,5 points à 7907,5 points, annonçant une poursuite de la consolidation amorcée la veille après une série de neuf séances de hausse, mais dans une ampleur réduite.
En raison sa faible exposition à l'IA, le marché parisien avait plutôt bien résisté hier au séisme boursier créé par DeepSeek en achevant la première séance de la semaine sur un repli limité de moins de 0,3% à 7906 points.
Wall Street n'a pas connu le même sort, puisque le Nasdaq a chuté de 3,1% hier soir, soit sa plus forte baisse depuis le 18 décembre dernier, un repli que le conduit à effacer l'intégralité de ses gains annuels.
La montée en puissance de DeepSeek, un agent d'IA conversationnel en provenance de Chine décrit comme tout aussi performant que ChatGPT mais largement moins coûteux, a chamboulé le compartiment technologique.
"Sachant que certains estiment que les investissements dans l'IA pourraient atteindre 1.000 milliards de dollars dans les années qui viennent, les investisseurs (même ceux croyant au pouvoir transformateur de l'IA) commencent à se demander si toutes ces dépenses sont vraiment nécessaires", commentent les analystes de Deutsche Bank.
Principale victime de ces questionnements, le géant des puces dédiées à l'IA Nvidia a décroché de 17% hier soir, occasionnant la plus gigantesque destruction de valeur (600 milliards de dollars) jamais observée sur une valeur en une journée à Wall Street.
"Si le lancement de DeepSeek R1 soulève des questions difficiles concernant le futur des infrastructures pour l'IA, il met aussi en évidence la nécessité constante d'innover afin de rester pertinent sur un secteur concurrentiel", souligne Antonio Di Giacomo, analyste marchés chez XS.com.
L'épisode DeepSeek a surtout montré à quel point les valeurs technologiques américaines étaient devenues vulnérables aux mauvaises nouvelles et à des prises de bénéfices après leur parcours exceptionnel des deux dernières années.
Certains spécialistes vont même jusqu'à dresser un parallèle avec les valorisations excessives des titres technologiques qui avaient conduit à l'explosion de la bulle sur les valeurs de l'Internet en 2000.
Signe du regain de stress qui s'abat sur les marchés, l'indice VIX du CBOE - souvent dénommé "baromètre de la peur" - a bondi 21% vers 18 points hier.
L'attente de plusieurs événements de premier plan au cours des jours à venir risque d'accroître ce regain de volatilité.
La Fed rendra demain sa première décision de politique monétaire de l'année. Les traders tablent avec une probabilité de plus de 97% sur un maintien de ses taux, à en croire le baromètre Fedwatch de CME.
En zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) se réunira demain et jeudi et les observateurs s'attendent à une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs.
Les investisseurs vont par ailleurs tourner leur attention vers les nombreux résultats d'entreprises programmés d'ici à la fin de la semaine, en espérant de bonnes surprises du côté des géants de la tech.
En attendant les publications de Microsoft, Meta et Tesla demain soir et celle d'Apple jeudi, les intervenants suivront aujourd'hui les comptes de Boeing, GM, Starbucks et SAP, avec l'objectif d'un peu se rassurer.
Dans cet environnement incertain, l'aversion au risque prend largement le dessus et les investisseurs préfèrent se reporter sur des valeurs refuge comme l'or et les obligations d'Etat.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans revient en direction de 4,52%, son plus bas niveau en un mois, tandis que celui du Bund allemand se détend vers 2,51%.
Le cours de l'or remonte vers ses sommets historiques inscrits en octobre dernier, l'once s'échangeant actuellement autour de 2.742,7 dollars, soit une hausse de 0,2%.
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