Analyse
Taux: les rendements grimpent aux US,flambent au Royaume-Uni
(CercleFinance.com) - Quelle journée ! Très éprouvante pour les détenteurs de dette britanniques ("Gilts" en crise aiguë) et stressante pour les détenteurs de T-Bonds US (qui testent leurs pires niveaux depuis 2022).
En effet, les chiffres concernant l'emploi aux Etats Unis sont très robustes (le plein emploi persiste) et CNN qui croit savoir que Donald Trump pourrait déclencher "l'état d'urgence économique nationale en matière de tarifs douaniers", autrement dit, s'arroger les pleins pouvoirs pour fixer les droits de douane à sa guise, sans validation par le Congrès.
Cela prend l'exact contrepied d'un article du Washington Post lundi, qui avait soulagé les détenteurs de bons du Trésor parce que Trump aurait décidé de mettre de l'eau dans son vin et de renoncer aux "tarifs douaniers universels", ce qui aurait tempéré les craintes inflationnistes (article démenti quelques heures plus tard mais les marchés s'étaient enflammés).
C'est donc tout l'inverse d'un apaisement qui se profile et l'article de CNN fait donc l'effet d'une douche froide, non seulement sur les action mais également l'obligataire avec des taux longs qui se tendaient de +2,5Pts sur le "10 ans" (jusque vers 4,7250% et 4,6900% ce soir) et de +2Pts sur le "30 ans" à 4,9300% (et qui flirtait avec les 4,9600% vers 13H, les 5,000% ne sont plus très loins... et c'est une très mauvaise nouvelle pour l'immobilier).
En ce qui concerne les déclarations de Trump concernant l'annexion du Panama et du Groënland, Wall Street considère que tout ce qui est excessif est dérisoire... et que cela fait partie du mode de communication habituel de Trump consistant à intimider avant de négocier ce qui est négociable (le reste n'est que de la gesticulation).
Beaucoup de commentateurs s'inquiètent davantage de l'écart de rendement entre les taux longs (rendement sans risque) et le S&P500 : il atteint +350Pts de base ce mercredi, du jamais vu depuis 23 ans.
Cette journée était également riche en statistiques avec aux Etats Unis: la dernière en date, ce sont les nouvelles inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis qui ont reculé de -10.000 à 201.000 la semaine du 30 décembre, selon le Département du Travail annonce avoir
La moyenne mobile sur quatre semaines -plus représentative de la tendance de fond- est quant à elle ressortie à 213.000 en fort recul de -10.250 par rapport à celle de la semaine précédente.
Enfin, le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités a augmenté de 33.000 pour s'établir à 1.867.000 lors de la semaine du 23 décembre, soit la période disponible la plus récente pour cette statistique.
Autre chiffre très attendu à 48H du NFP, il s'agissait du résultat de l'enquête ADP sur les créations d'emplois dans le secteur privé il ne s'y est créé que 122.000 emplois en décembre aux Etats-Unis, un nombre légèrement inférieur au consensus (130.000 selon Jefferies).
Les traders n'anticipent pas de nouvelle baisse de taux par la FED avant le mois de juin, avant une seconde d'ici à la fin de l'année, mais les "minutes" de la réunion des 17 et 18 décembre publiées ce soir pourraient apporter un nouvel éclairage sur les intentions de la Fed, voire relancer les spéculations sur trois baisses de taux en 2025.
La journée a été compliquée dans l'Eurozone : les rendements obligataires se dégradent encore et le Bund allemand à dix ans affiche ce soir +3,5Pts et ressort à 2,525% tandis que l'OAT française à même échéance se tend de +4,5Pts à 3,3550% (+83Pts de "spread"), le BTP italien rajoutant +6Pts à 3,6900%.
En Europe, les chiffre sont pourtant inquiétants et de nature à inciter la BCE à baisser ses taux : les commandes à l'industrie ont chuté de -5,4% en novembre en Allemagne d'après Destatis.
Dans l'UE, l'indicateur du sentiment économique (ESI) a baissé de -1,7 point à 94,5 et dans la zone euro de -1,9 point à 93,7 selon les résultats l'enquête mensuelle de la Commission européenne.
L'indicateur des anticipations d'emploi (IEE) a également baissé dans les deux zones (-1 point à 98,4 dans l'UE, -1,4 point à 97,3 dans la zone euro), les deux indices obtenant ainsi des résultats inférieurs à leur moyenne à long terme de 100. En France, le solde commercial s'est de nouveau amélioré en novembre selon les données CVS-CJO de l'administration des douanes, le déficit s'étant ainsi établi à 7,08 milliards d'euros après 7,52 milliards le mois précédent. Cette réduction d'un mois sur l'autre résulte d'une hausse des exportations françaises de 2,9% à 50,1 milliards d'euros, tandis que les importations ne se sont accrues dans le même temps que de 1,7% à près de 57,2 milliards. Enfin, le "sentiment des ménages" s'est encore assombri en décembre pour renouer avec des valeurs dignes du "lockdown Covid".
Enfin, la situation de crise perdure au Royaume Uni avec des "Gilts" qui se désintègrent littéralement : +19Pts de base à 4,873%, du jamais vu depuis l'automne 1998. Cela commence à ressembler à une situation "à l'italienne" en 2011 et cela pourrait dériver vers une crise à la grecque si la Bank of England n'éteint pas rapidement l'incendie, avec l'aide du gouvernement (sans quoi elle ne pourra rien toute seule).
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