Wall Street: le rebond avorte, avec taux au +haut depuis mai
(CercleFinance.com) - C'était l'ultime séance précédant la journée de "4 sorcières" (qui clôturera pour la plupart des gérants l'année fiscale 2024) et malgré un PIB meilleur que prévu et les "habillages de bilans" de fin d'année (ce qui consiste à tirer à la hausse les titres qui ont le plus monté depuis le 1er janvier), les indices US n'ont par réussi à inverser la vapeur à la hausse, ni même matérialiser un rebond symbolique.
Après avoir laborieusement tenté de se remettre de leur chute de -3% de mercredi soir (pire séance depuis début août), les indices US qui grappillaient environ +0,5% en moyenne vers 19H55 (mi-séance) puis +0,4% vers 21H40, ont tout reperdu au cours du dernier quart d'heure.
Le S&P-500 finit en repli de -0,09%, à 5.867 (c'est à dire au plus bas du jour) mais aussi depuis le 15 novembre, soit 1 mois de hausse effacé en 48H), le Nasdaq Composite lâche -0,10% (à 19.372, au plus bas depuis le 3 décembre) et le Dow Jones échappe in-extremis à une 11ème séance de repli consécutif avec un très symbolique gain de +0,04%.
Le Nasdaq-100 perd, lui, -0,47% à 21.110 (au plus bas depuis le 2 décembre, ce niveau correspond au précédent zénith du 11 novembre mais aussi au support oblique issu du plancher des 17.445 du 5 août dernier): cette sous-performance est due au plongeon de Micron -16,2% (perspectives 2025 décevantes), Vertex Pharma -11,4%, Cintas -10,5%, mais aussi à quelques replis parmi les "8 fantastiques" (désormais réunies sous l'acronyme BAATMMAN) avec Tesla -2%, Broadcom -1,8%, puis Microstrategy (-6,6%, le Bitcoin perdant -5% sous 97.700).
Cela continue de mal se passer pour le Russell-2000 qui perd -0,65% vers 2.217Pts et aligne une 7ème séance de repli sur une série de 9 : l'indice est tout simplement revenu sur ses niveaux du 4 novembre dernier (retour 6 semaines en arrière).
En ce qui concerne le VIX qui avait fait une embardée de +75% mercredi, il ne se détend que de -13% à 24,1 (contre 14 avant hier, soit +72%).
Wall Street a été brutalement refroidi mercredi soir par les propos moins accommodants qu'attendu de la Réserve fédérale américaine sur la trajectoire de ses taux pour 2025: au lieu de 4 assouplissement espérés par les plus optimistes (de 4,25% vers 3,25/3,50%), Jerome Powell suggère qu'il pourrait n'en subsister que 2.
Il évoque l'entrée dans une "nouvelle phase" de la politique de la banque centrale, marquée par un suivi plus vigilant de l'inflation.
Et les chiffres du jour ne vont pas aller dans le sens de l'apaisement:
en effet, la croissance de l'économie américaine a été plus forte que prévu au 3ème trimestre, marquant une accélération par rapport au deuxième trimestre, montre la troisième estimation -définitive- du produit intérieur brut publiée ce jeudi.
Le PIB US a ainsi progressé de 3,1% en rythme annualisé, contre 2,8% en deuxième estimation et après une hausse de 3% au deuxième trimestre, a annoncé le Département du Commerce.
Dans un communiqué, l'administration explique cette révision à la hausse par l'accélération des exportations, de la consommation des ménages et des dépenses du gouvernement fédéral.
Par ailleurs, l'indice d'inflation des prix PCE a été confirmé à 1,5% en données brutes sur le trimestre écoulé, mais il s'établit à 2,2% hors alimentation et énergie, soit une révision à la hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport à la précédente estimation.
Cette publication survient alors que Jerome Powell, le président de la Fed, a conditionné hier la poursuite de l'assouplissement monétaire de la banque centrale américaine à une évolution favorable de l'inflation.
Autre signe de vigueur, les indicateurs avancés se remettent à progresser (+0,3% après 3 mois de baisse) et les ventes de maisons existantes aux Etats-Unis ont augmenté de 4,8 % en novembre, par rapport au mois précédent, pour s'établir à un taux annuel désaisonnalisé de 4,15 millions, selon la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR).
Selon Lawrence Yun, économiste en chef de la NAR, " La dynamique des ventes de logements s'intensifie. Plus d'acheteurs entrent sur le marché à mesure que l'économie continue de créer des emplois, que l'offre de logements augmente par rapport à l'année dernière et que les consommateurs s'habituent à une nouvelle normalité avec des taux hypothécaires entre 6 % et 7 %.
Petit bémol tout de même à la vigueur de la croissance aux US, l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie s'est contractée en décembre, selon l'enquête de la Fed locale, l'indice de diffusion de l'activité générale courante (Philly Fed) étant passé de -5,5 en novembre, à -16,4 en décembre.
Environ 33 % des entreprises ont signalé une diminution de l'activité générale ce mois-ci (contre 23 % le mois précédent), tandis que 16 % ont signalé une augmentation (peu de changement) ; 47 % n'ont signalé aucun changement (contre 58 % précédemment).
L'indice des nouvelles commandes a lourdement chuté de 13 points pour atteindre -4,3, son niveau le plus bas depuis mai et l'indice des expéditions a reculé de 6 points pour atteindre -1,9.
Par ailleurs, le Département du Travail annonce avoir enregistré une chute de -22.000 des nouvelles inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis lors de la semaine du 9 décembre (220.000 contre 242.000 la semaine précédente).
Enfin, le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités a reculé de 5.000 pour s'établir à 1.874.000 lors de la semaine du 2 décembre, soit la période disponible la plus récente pour cette statistique.
Sur le marché obligataire, l'allusion de Powell à une politique monétaire plus restrictive que prévu en 2025 fait flamber le rendement des Treasuries à dix ans grimpe vers 4,565% (et 4,59% au plus haut, pire score depuis le 30 mai), le "30 ans" (+8Pts) repassant au-dessus des 4,75% (+17Pts en 48H), pour la première fois depuis le 2 mai.
C'est comme si la FED n'avait pas baissé ses taux cette année mais avait prévu de les monter 3 fois de 25Pts : le "30 ans" affichait 4,000% le 2 janvier dernier.
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