Paris: en rouge, Powell a refroidi les investisseurs
(CercleFinance.com) - La Bourse de Paris conclut la séance sur un repli de 1,22%, à 7294 pts, pénalisée par STMicro (-6,2%), Vivendi (-5,6%) ou encore Schneider Electric (-3%).
Au lendemain d'une chute de -3% (pire séance depuis début août), les indices US rebondissent modestement de 0,5 à 0,6% (Nasdaq) et le VIX qui avait fait une embardée de +75% mercredi soir se "tasse" de -16 % vers 23 (contre 14 avant hier).
Wall Street a été brutalement refroidi par les positions moins accommodantes qu'attendu de la Réserve fédérale américaine sur la trajectoire de ses taux pour 2025: au lieu de 4 assouplissement espérés par les plus optimistes (de 4,25% vers 3,25/3,50%), Jerome Powell suggère qu'il pourrait n'en subsister que 2.
Il évoque l'entrée dans une "nouvelle phase" de la politique de la banque centrale, marquée par un rythme de baisses des taux moins rapide qu'auparavant.
"Après seulement trois baisses de taux, la Fed dit déjà entrer dans une nouvelle phase dans son resserrement monétaire", commence Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPR AM.
"Le coup d'arrêt récent à la désinflation et les incertitudes liées aux politiques de la future administration vont pousser la Fed à être nettement plus prudente", indique l'analyste.
"Elle ne baissera les taux à nouveau qu'en cas de nouveaux progrès tangibles sur le front de l'inflation", souligne-t-il.
Et les chiffres du jour ne vont pas aller dans le sens de l'apaisement : en effet, la croissance de l'économie américaine a été plus forte que prévu au 3ème trimestre, marquant une accélération par rapport au deuxième trimestre, montre la troisième estimation -définitive- du produit intérieur brut publiée ce jeudi.
Le PIB US a ainsi progressé de 3,1% en rythme annualisé, contre 2,8% en deuxième estimation et après une hausse de 3% au deuxième trimestre, a annoncé le Département du Commerce.
Dans un communiqué, l'administration explique cette révision à la hausse par l'accélération des exportations, de la consommation des ménages et des dépenses du gouvernement fédéral.
Par ailleurs, l'indice d'inflation des prix PCE a été confirmé à 1,5% en données brutes sur le trimestre écoulé, mais il s'établit à 2,2% hors alimentation et énergie, soit une révision à la hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport à la précédente estimation.
Cette publication survient alors que Jerome Powell, le président de la Fed, a conditionné hier la poursuite de l'assouplissement monétaire de la banque centrale américaine à une évolution favorable de l'inflation.
Autre signe de vigueur, les indicateurs avancés se remettent à progresser (+0,3% après 3 mois de baisse) et les ventes de maisons existantes aux Etats-Unis ont augmenté de 4,8 % en novembre, par rapport au mois précédent, pour s'établir à un taux annuel désaisonnalisé de 4,15 millions, selon la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR).
Selon Lawrence Yun, économiste en chef de la NAR, " La dynamique des ventes de logements s'intensifie. Plus d'acheteurs entrent sur le marché à mesure que l'économie continue de créer des emplois, que l'offre de logements augmente par rapport à l'année dernière et que les consommateurs s'habituent à une nouvelle normalité avec des taux hypothécaires entre 6 % et 7 %.
Petit bémol tout de même à la vigueur de la croissance aux US, l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie s'est contractée en décembre, selon l'enquête de la Fed locale, l'indice de diffusion de l'activité générale courante (Philly Fed) étant passé de -5,5 en novembre, à -16,4 en décembre.
Environ 33 % des entreprises ont signalé une diminution de l'activité générale ce mois-ci (contre 23 % le mois précédent), tandis que 16 % ont signalé une augmentation (peu de changement) ; 47 % n'ont signalé aucun changement (contre 58 % précédemment).
L'indice des nouvelles commandes a lourdement chuté de 13 points pour atteindre -4,3, son niveau le plus bas depuis mai et l'indice des expéditions a reculé de 6 points pour atteindre -1,9.
Par ailleurs, le Département du Travail annonce avoir enregistré une chute de -22.000 des nouvelles inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis lors de la semaine du 9 décembre (220.000 contre 242.000 la semaine précédente).
Sur le marché obligataire, l'allusion de Powell à une politique monétaire plus restrictive que prévu en 2025 fait flamber le rendement des Treasuries à dix ans, qui atteignait plus de 4,52% hier soir grimpe vers 4,555%, le "30 ans" (+8Pts) repassant au-dessus des 4,74% (+16Pts en 48H), pour la première fois depuis mi-avril.
La contagion de la tension des taux US gagne nos OAT (+6Pts à 3,11%) puis les Bunds (même écart à 2,30%) et les BTP italiens affichent +7,5Pts à 3,475%.
La remontée des rendements obligataires américains continue de soutenir le dollar face à l'euro, ce dernier enfonçant la barre de 1,04 face au billet vert... mais après une incursion vers 1,0350, l'Euro remonte de +0,3% vers 1,0380.
Les cours du brut sont eux aussi rattrapés par les craintes, le Brent reculant de 0,2% à 72,8 dollars alors que le brut léger américain lâche 0,5% à 70,2 dollars.
La tendance en Europe a peu évolué avec la décision de politique monétaire de la Banque d'Angleterre qui prend prétexte du récent réveil de l'inflation de l'inflation dans le pays pour observer un "statu quo".
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