Marché: la Fed très attendue, au risque de décevoir
(CercleFinance.com) - La Bourse de Paris devrait ouvrir sur une note prudente lundi matin, les investisseurs étant dans l'attente des mesures de soutien à l'économie qu'annoncera la Fed à l'occasion de son comité de politique monétaire prévu cette semaine.
Vers 8h15, le contrat "future" sur l'indice CAC 40 - échéance septembre - recule de 14,5 points à 7456 points, annonçant un début de semaine dans le rouge.
La Réserve fédérale américaine annoncera très probablement mercredi soir une baisse de ses taux, mais les investisseurs attendent de savoir dans quelle ampleur et craignent d'être déçus, tant la banque centrale a alimenté les anticipations ces dernières semaines.
Au vu du ralentissement de l'emploi, son président Jerome Powell avait affirmé à la fin du mois d'août que le temps était venu pour amorcer un cycle d'assouplissement monétaire.
Mais le suspense reste entier quant au levier que la banque centrale choisira d'actionner, la grande question étant de savoir si elle optera pour une baisse limitée de 25 points de base ou une réduction plus importante de 50 points.
L'outil FedWatch du CME Group montre que les investisseurs misent désormais à 59% sur une baisse de taux de 25 points de base mercredi, tandis que ceux qui tablent sur une réduction de 50 points ne sont plus que 41%.
Bon nombre d'intervenants estiment que la Fed a trop tardé pour agir au regard de la dégradation d'un certain nombre d'indicateurs, ce qui justifie qu'elle commence à frapper fort cette semaine.
Pourtant, de nombreux analystes disent continuer à anticiper une baisse de seulement 25 points au vu des fondamentaux solides de l'économie américaine, ce qui pourrait amener la Fed à décevoir.
"Les responsables semblent toujours confiants quant à un atterrissage en douceur de l'économie", soulignent les gérants de la banque privée suisse J. Safra Sarasin.
"Cela suggère que la Fed réduira les taux de 25 points de base, tout en signalant son intention de poursuivre avec une série de baisses consécutives de même ampleur", ajoute la firme helvétique.
"La situation actuelle ne justifie pas un pas de 50 points de base", abonde Christophe Morel, le chef économiste de Groupama Asset Management.
"La Fed devrait donc baisser ses taux de 25 points de base lors des trois prochains FOMC, puis marquer selon nous une pause de plusieurs mois pour observer les impacts sur l'économie réelle", prophétise-t-il.
Les anticipations étant élevées, le risque de déception est tout aussi grand.
Soutenus par la perspective d'une action prononcée de la Fed, les marchés d'actions américains se sont adjugé entre 3% et 6% la semaine passée.
Avec un gain hebdomadaire de 4,1%, l'indice S&P 500 a même signé sa meilleure semaine de l'année jusqu'ici.
La Bourse de Paris a profité elle aussi de cet élan haussier, avec un gain de l'ordre de 1,5% sur la semaine écoulée.
Il et vrai qu'avec le cycle de baisses des taux qui s'enclenche des deux côtés de l'Atlantique, les perspectives semblent s'améliorer sur les Bourses mondiales.
Selon les calculs des équipes de J. Safra Sarasin, Wall Street a progressé en moyenne de 18% sur un an suite à l'amorce d'un cycle d'assouplissement monétaire de la Fed, à condition qu'une récession ait été évitée.
D'après la banque suisse, les secteurs de la santé, des biens de consommation courante et de la technologie se sont distingués durant ces phases, de même que les obligations d'Etat américaines et le dollar, qui ont affiché des rendements positifs sur 12 mois après la baisse des taux.
A l'inverse, le cuivre et le secteur des matériaux ont généralement enregistré des pertes, qu'il y ait récession ou non, ajoute J. Safra Sarasin.
Le bal monétaire ne fera que commencer mercredi avec les décisions de la Fed puisque les annonces de la Banque du Japon (BoJ) et de la Banque d'Angleterre (BoE) tomberont le lendemain.
En dépit du récent ralentissement de l'inflation au Royaume-Uni, la BoE devrait laisser ses taux inchangés, de même que la BoJ qui devrait confirmer son approche de "wait-and-see" privilégiée ces derniers mois.
Sur le marché obligataire, la perspective grandissante d'une baisse de taux de 50 points de base mercredi continue de faire refluer le rendement des Treasuries américains évoluant, à 3,65%, à des plus bas depuis mai 2023.
Le retour de l'appétit pour le risque bénéficie par ailleurs aux cours pétroliers, avec un Brent qui gagne 0,2% à 71,7 dollars, tandis que le WTI américain prend 0,4% à 68,9 dollars.
L'or, qui a progressé de 3,2% la semaine dernière, n'est pas en reste puis l'once reprend 0,2% à 2.615,4 dollars ce matin pour établir de nouveaux records absolus.
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