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Marché: les essentiels du programme du RN

(CercleFinance.com) - Il n'est pas aisé d'estimer quelles seraient précisément les conséquences économiques pour l'économie française si le programme économique du RN était adopté, car les positions du parti en matière de politique économique sont à la fois floues et fluctuantes.
.. la stratégie des concepteurs des propositions les plus alléchantes pour telle ou telle catégorie d'électeur semble relever du " ballon d'essai ".

Si les critiques apparaissent trop vives, les conséquences négatives trop évidentes, le rétropédalage s'impose rapidement, la proposition passe à la trappe.

Le programme économique -largement inspiré de celui concocté en 2022- s'est donc allégé au fil des semaines, contrairement au volet " choix de société " avec des propositions sécuritaires, voire identitaires (suppression du droit du sol, instauration d'une forme de tri parmi les binationaux) qu'il ne coûte rien de maintenir parce qu'elles seront soit retoquées par le Conseil Constitutionnel, soit par les instances européennes si jugées contraires au droit communautaire (qui l'emporte sur les Lois ayant trait aux caractéristiques de la citoyenneté votées à l'échelon local).

Si toutefois, le RN décidait de passer outre, il serait compliqué d'évaluer l'impact économique de l'exode d'un nombre indéterminé d'individus (quelques milliers ou quelques dizaines de milliers ?) choisissant de quitter notre territoire en guise de protestation, jugeant les droits de l'Homme bafoués dans le pays qui en est le principal inspirateur.

En ce qui concerne l'exécution des OQTF visant des personnes en situation de séjour illégal et ayant fait l'objet d'une condamnation -ce qui consiste à appliquer des décisions de justice valides du point de vue du droit, mais qui pose problème d'un point de vue humain s'il s'agit d'un renvoi vers un pays en guerre ou qui contraint ses opposants à s'exiler- l'Europe pose de plus en plus de conditions, ce qui retarde ou rend impossible les expulsions, y compris de " réfugiés économiques " ayant également commis des infractions.

Marine Le Pen estime à 16 MdsE -mais sans apporter de démonstration chiffrée- les économies réalisées en renvoyant les migrants en surnombre (ils bénéficient effectivement de la CMU et de quelques aides constituant un minimum vital) mais la France risquerait d'écoper de rappels à l'ordre (la Hongrie en accumule une longue liste) puis de pénalités financières (aides non reversées par ex.). Mais cela reste théorique car il n'y a pas de précédent : même l'Italie a renoncé aux expulsions de migrants alors que Giorgia Meloni s'était fait élire sur la promesse de " mettre fin à la submersion migratoire ", selon ses propres termes.

Cette parenthèse refermée, nous nous sommes fixés comme méthodologie de classer les propositions du RN par impact économique le plus considérable sur certaines catégories de français... et non pas le plus commenté dans les médias.

Ce qui nous amène à évoquer d'emblée la suppression de la " flat tax " à 30% sur les cessions de valeurs mobilières (le " NFP " l'envisage également) mais au-delà d'un seuil de 60.000E de gain net : le taux d'imposition serait alors celui acquitté au titre de l'IRPP, soit 45%.

Mais le plus souvent, le contribuable " fortuné " disposant d'un gros patrimoine subit depuis 12 ans une surtaxe de 4% qui s'applique également à ses revenus de valeurs mobilières.

Rappel : la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus de +4% a été Instituée par la loi de finances pour 2012 (une des premières mesures de " justice fiscale " voulue par F.Hollande) et qui n'est pas été abrogée par Macron : elle s'ajoute à l'entièreté de l'assiette fiscale pour les ménages aux revenus importants et dépassant les montants suivants :
250.000E pour un contribuable célibataire, veuf, séparé ou divorcé,
500.000E pour un contribuable marié ou pacsé, soumis à imposition commune.

Autrement dit, supprimer la " flat tax " aboutira dans 90% des cas à augmenter le taux d'imposition actuel de +50% (de 30% vers le taux marginal le plus élevés de 45%... plus les 4% de surtaxe pour ceux déclarant plus de 500.000 de revenus, ce qui concerne beaucoup de patrons et de cadres dirigeants d'entreprises dont le salaire ne constitue qu'une part minoritaire de leurs revenus).

La taxation des plus-values et dividendes à 49% pourrait faire réfléchir de nombreux contribuables faisant partie des " 1% " (en réalité il s'agit surtout des " 0,01% " qui s'inscrivent dans la catégorie des millionnaires).

Si l'effectif des millionnaires avoisine 2,8 millions en France, ils ne sont que 827.000 à disposer d'un patrimoine financier de plus de 1 million, hors résidence principale : la quasi-totalité d'entre eux seraient concernés par la suppression de la " flat-tax ".

Ils seraient en réalité bien plus nombreux à se retrouver taxés au taux maximal de l'IRPP une fois franchi une barre de 60.000E.

Autre mesure susceptible de provoquer un exode par-delà nos frontières des français les plus fortunés : le rétablissement d'un ISF englobant toutes les composantes du patrimoine -biens immobiliers (actuellement taxés à l'IFI), plus les valeurs mobilières, y compris le non coté (" private equity ").

Le RN se propose donc de défaire ce qu'Emmanuel Macron avait instauré dès le début de son quinquennat en 2017 et qui fut qualifié de " cadeau aux ultra-riches ", ce qui remporterait l'adhésion d'une large partie de l'électorat de Marine Le Pen, mais aussi de Jean-Luc Melenchon.

Nombre de projets (immigration, TVA, tarification de l'électricité) induisent un risque de " frictions " avec Bruxelles : les exemples de la Grèce du tandem Tsipras/Varoufakis (gauche très à gauche) ou Giorgia Meloni (droite très à droite) démontre jusqu'à présent qu'aucun gouvernement " rebelle " n'a fait le poids face à la " machine européenne ". Et depuis le 7 juin, le RN risque de ne pas peser lourd face à Ursula von der Leyen qui sort renforcée des européennes.

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