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Marché: les essentiels du programme du NFP

(CercleFinance.com) - Le catalogue de projets de mesures du NFP (Nouveau Front Populaire) est pléthorique et la ligne directrice semble avoir été de n'oublier personne, s'agissant de mesures généreuses au profit des moins favorisés.


Le NFP est composé de la l'alliance de La France insoumise (LFI), du Parti socialiste (PS), du Parti communiste (PCF), des Ecologistes (EELV) et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

Le NFP affiche une ligne directrice vraiment " de gauche ", une constante idéologique qui transcende les époques, les échéances électorales et même les générations.

Les jeunes militants tout comme les militants d'autrefois (ceux qui ont vécu les premières heures de l'Union de la gauche du début des années 80) seront rassurés par des propositions disruptives qui marquent un virage à 180° par rapport à tout ce qui a été fait depuis 7 ans, mais surtout par rapport aux logiques qui sous-tendent le fonctionnement des institutions européennes, néo-libérales, libre-échangistes, monétaristes (combattre l'inflation est une priorité) et orthodoxe sur le plan budgétaire (limitation des déficits, via un "pacte" fixant un plafond de 3% pour tous les pays de la zone euro).

Pour fixer les grandes lignes de ce programme, François Hollande qui répondait à une interview de BFM mercredi dernier depuis sa ville de Tulle a énoncé trois priorités " augmentation du SMIC compensé par des baisses de charges, abrogation de la réforme des retraites et blocage des prix... car les gens n'en peuvent plus, il faut accorder cette pause ".


A- Une priorité, le pouvoir d'achat par la revalorisation des salaires

Partant du constat que la croissance européenne est en panne (et la récente dissolution vient de mettre notre économie à l'arrêt complet, ce qui va naturellement impacter nos principaux partenaires) puis que le pouvoir d'achat des plus défavorisés a été laminé par les récentes crises (envol de la facture énergétique, des prix des produits et aliments de 1ère nécessité), le NFP propose un gel des prix et une relance économique par le soutien de la "demande".

Et ce, grâce à une hausse des plus bas salaires -et donc du très emblématique SMIC-, une indexation générale des salaires sur l'inflation, puis des retraites, la hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires (soit grosso-modo, une hausse de 10% de leur traitement mensuel, l'un des plus bas d'Europe, notamment dans l'éducation, laquelle peine à recruter).

Le problème, c'est que les 7 millions de salariés au SMIC travaillent majoritairement dans des PME, des TPE, dans des entreprises sous-traitantes soumises à de fortes pressions tarifaires de la part de grands groupes qui bénéficient d'un environnement fiscal bien plus favorable que leurs fournisseurs.

Les petites entreprises ont peu de marges de manoeuvre pour augmenter les salaires puisqu'incapables de répercuter leurs hausses de coûts à leurs plus gros clients : la seule solution face à une hausse de 10% des salaires (ou à une baisse de 10% du temps de travail) a toujours été de licencier 10% des effectifs, après que le chef d'entreprise ait cessé de se payer lui-même.


B- Le NFP se veut la plus ambitieuse des formations politiques sur la transition énergétique

Emmanuel Bompard qui participait à un débat avec Gabriel Attal et Jordan Bardella a évoqué des dizaines de milliards d'euros par an dans le développement des énergies renouvelables, lui-même se disant à titre personnel opposé à la relance de la filière nucléaire ("14 nouveaux réacteurs qui seront construits trop tard pour être d'une quelconque utilité d'ici 2030, ou même 2035").

Comment financer des centaines de milliards en faveur de la transition énergétique d'ici 10 ans ?

Tout d'abord en recourant à l'emprunt : ce n'est pas gênant puisque cela va créer de l'activité, donc des emplois, donc des cotisations sociales + des recettes fiscales... la très classiques spirale vertueuse de l'investissement qui crée de la richesse... une sorte de pendant à la théorie du ruissellement qui veut que moins on impose les riches, plus ils sont tentés d'investir pour gagner encore plus d'argent, créant des emplois, distribuant de meilleurs salaires, générant des recettes fiscales plus élevées, etc.

Dans les faits, avec des décennies d'histoire économique derrière nous, ni le surinvestissement à la chinoise, ni la fuite en avant dans l'endettement (Grèce, Liban, Sri-Lanka, etc.), ni les cadeaux fiscaux aux plus "riches" ne génèrent une croissance vertueuse, ni ne débouchent sur le rééquilibrage des finances publiques, puis un beau jour sur des budgets excédentaires.

Cela dit, le maintien de légers déficits structurels peut relever de choix politiques, ou mieux encore, de choix de société qui font consensus. On peut assumer de ne jamais parvenir à des budgets équilibrés parce que la priorité, c'est le pouvoir d'achat et une forme de confiance dans l'avenir, par opposition à un impératif de "rigueur" pour faire face à des chocs futurs.

Que les consommateurs deviennent frileux, et c'est la croissance qui s'enraye, puis la récession qui menace (chômage, pauvreté, chute de la bourse) ... un cauchemar du point de vue américain, mais également des prix Nobel qui apportent leur soutien au programme économique du NFP.

Le problème, c'est que les déficits structurels de la France -nos créanciers le savent pertinemment- ne proviennent pas d'investissements porteurs d'avenir mais d'un train de vie de l'état pharaonique (plus les services publics regorgent de fonctionnaires... moins ils fonctionnent !), de boucliers tarifaires déployés contre des prix artificiellement élevés, de gaspillages à tous les étages (le coût des " cabinets de conseil " a explosé, de même que le financement de centaines de " commissions " chargées de résoudre la grande énigme des dysfonctionnements de l'Etat).

La fuite en avant dans les déficits est systématiquement imputée à une " conjoncture difficile ", ce dont la plupart de nos partenaires européens se sont relevés sans rajouter +33% de dette en 4 ans.

Les 2 agences de notation sur 3 sont sur le point de mettre la main à la poche pour sortir le carton jaune, Standard & Poors a dégainé le sien il y a tout juste 1 mois, et se dit prêt à le refaire: au bout de 2 cartons jaunes, ce serait le rouge du point de vue des marchés, ce qui ferait flamber le coût de refinancement de nos déficits (300MdsE à lever pour France Trésor cette année): que ce soit justifié ou non, elles le feront, ce qui propulsera le " service de la dette " au 3ème rang des dépenses de l'Etat.


C- La réforme des retraites : le principal enjeu budgétaire pour nos créanciers

Notre 1er poste de dépenses, c'est le versement des retraites : la France prélève 14Pts de PIB pour financer les retraites, le ratio le plus élevé d'Europe.
Cela pourrait illustrer un vrai choix de procurer des pensions généreuses (à partir de 62 ans jusqu'en 2022 puis 64 ans à partir de 2023)... mais en réalité, avec seulement 7Pts de prélèvement, plus un peu de capitalisation, les retraités néerlandais touchent des pensions en moyenne 30% plus élevées que les français, pour une espérance de vie équivalente.

Ce petit miracle pourrait provenir d'une contribution plus substantielle des entreprises aux Pays-Bas au budget " retraites " du pays, mais là encore, la surprise provient d'un taux d'imposition parfaitement équivalent à celui de la France : 25,8%.

En revanche, les recettes de l'impôt sur les sociétés ne contribuent qu'à hauteur de 2,53% des recettes globales en France, contre 3,9% aux Pays Bas (50% de plus) : manifestement, alourdir les prélèvements sur l'activité ou les bénéfices en France ne fera pas beaucoup progresser leur contribution aux recettes de l'état, il vaudrait mieux qu'elles gagnent plus d'argent, sans modification de l'assiette fiscale.

Le NFP se montre disruptif puisqu'il propose l'abrogation de l'âge de départ à la retraite à 64 ans et compte remettre à plat le système français des " points " de retraite (c'est-à-dire la règle des 42 trimestres de cotisations) en refondant l'assurance chômage... un vaste chantier, mais que l'évolution négative de notre démographie rend peut-être nécessaire.

Toujours sur le chapitre des retraites, le NFP prône l'augmentation du " minimum contributif " (il s'agit du montant de la pension de retraite pour une carrière complète) au niveau du smic (1.600E du coup) puis du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté en France (60% du revenu médian calculé par l'INSEE), soit environ 1.160 euros.

Pour les créanciers de la France (plus de 50% de notre dette est entre des mains étrangères), la question reste : quelles recettes supplémentaires ou quelles économies financeront ce " big-bang " des transferts sociaux ?


D- La lutte contre la pauvreté et le déclassement, plus qu'un enjeu de justice sociale

14,5% de français -ou 9.300.000 de personnes- vivent en dessous du seuil de pauvreté : la situation se dégrade au fil des ans, la France est en proie au déclassement, il paraît légitime de tenter d'y remédier.

Parmi les mesures ayant un effet immédiat pour les plus pauvres, il y aurait une revalorisation de 10% des APL (une majorité de la population pauvre est locataire), le blocage des prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie, les carburants... puis la baisse de la TVA à 5,5% sur les transports en commun, puis la gratuité pour les jeunes sans revenus et les précaires.

Le problème, c'est que le blocage des prix, dans la plupart des pays où il a été mis en place, entraîne rapidement des ruptures d'approvisionnement, les fournisseurs estimant ne plus réaliser suffisamment de marges (on se souvient de milliers de stations-services plus livrées en carburants, des files d'attente interminables à la pompe -du jamais vu depuis 1968- lorsque notre 1ère compagnie nationale se vit imposer de plafonner temporairement le prix du litre à 2,00 E fin 2022).

La France connaît actuellement des pénuries sans précédent de médicaments (5.000 références sur 33.000) parce que le gouvernement a mis en place une forme de blocage des prix... à l'achat : du coup les labos et les génériqueurs étrangers ne nous livrent plus qu'au compte-goutte.

Et bien sûr, les " services " sont également concernés : tout le monde a gardé en mémoire le cas d'école du blocage des loyers " Loi-48 " qui entraîne un effondrement de l'investissement locatif durant plusieurs décennies (ce dont on paye encore les conséquences).


E- Le logement une grande cause délaissée par tous les gouvernements successifs depuis 2007

La France connaît la pire crise du logement -et du mal logement- depuis l'après seconde guerre mondiale.
C'est quelque chose de très difficile à vivre pour des millions de français... et une situation indigne d'un pays qui est la seconde puissance d'Europe : tout s'est considérablement aggravé depuis 3 ans avec la remontée des taux d'intérêt, les " DPE ", la flambée des impôts locaux, la " ZAN ", etc.
Le NFP espère redonner vie au secteur en ordonnant la construction de 200.000 logements publics par an pendant 5 ans.

Il va falloir revenir sur des réglementations bloquantes comme la non artificialisation des sols (" ZAN "), faciliter la délivrance des permis de construire -ou de transformation de locaux à usage commercial- par les mairies (un sujet " complexe " administrativement), abroger les récentes coupes budgétaires de 1,4MdE/an dont sont victimes les organismes HLM.

L'autre piste serait de renforcer les aides aux ménages pour l'isolation thermique et l'Etat irait jusqu'à la prise en charge complète des travaux pour les Français les plus modestes.

Il va donc s'agir d'un effort de soutien à l'immobilier se chiffrant en dizaines de milliards d'euros : si peu d'économistes contestent le bien fondé, en revanche comment l'Etat va-t-il trouver les fonds ?
Par ailleurs, l'Allemagne a consacré 200MdsE en une décennie pour l'amélioration thermique de millions de logements, et le résultat, ce sont des économies à peine mesurables de frais de chauffage!
De surcroît, les tarifs de l'électricité ont explosé, ce qui annule les ultimes économies réalisées.

F- " F " comme financement : quelles sont les options retenues par le NFP pour mettre en oeuvre des réformes inspirées par des principes généreux mais très onéreux ?

C'est une constante historique à gauche que de considérer qu'il n'existe pas de réforme qui ne puisse être financée par un nouvel impôt ou le relèvement d'une taxe.

Le principe du " trop d'impôt tue l'impôt " n'est toujours pas jugé pertinent car l'Etat ne se montre pas assez sévère avec ceux qui ne payent pas " leur juste part " : le rééquilibrage des contributions -qui passe par un plus gros effort de la part de ceux qui " ont les moyens de payer "- constitue le socle idéologique du NFP, le même qui fut revendiqué par le Front Populaire " 1ère mouture " en 1936.

Le rétablissement de l'impôt sur la fortune coule donc de source, de même que la suppression de la " flat tax " sur les revenus du capital (imposés au même taux que les revenus salariés, car c'est de l'argent gagné en dormant, quand il ne s'agit pas de profits tirés d'activités purement spéculatives, ou un taux de prélèvement volontairement punitif de 100% s'imposerait).

Mais la mesure phare, la plus disruptive, la plus radicale, ce sera la refonte intégrale de la grille des taux d'imposition, avec 9 nouvelles tranches (on passerait de 5 à 14).

Ce projet est porté par des figures bien connues du groupe LFI (12 noms, liste non exhaustive) :
Par ordre alphabétique : Clémentine Autain, Ugo Bernalici. Alexis Corbière, Caroline Fiat, Bastien Lachaud, Jean-Luc Mélenchon, Danièle Obono, Mathilde Panot, Loïc Prud'homme, Adrien Quatennens (qui renonce à la députation). François Ruffin, Bénédicte Taurine.

Une grille affichant une progressivité vertigineuse, jusqu'à 90% (contre 45% au maximum actuellement), ce qui rajouté aux charges diverses versées en amont, plus la TVA sur ce qui est consommé, ferait tendre le total des sommes reversées à l'Etat vers les 98%.

Ce qui est vertigineux, c'est la fuite des talents que cela engendrerait : le taux de 75% proposé -mais jamais appliqué par François Hollande durant son mandat de 2012 à 2017- avait provoqué un exode massif de capitaux, et une délocalisation des " hauts revenus " vers Londres, Dubaï, Singapour, etc.

Pour les patrons de multinationale les mieux rémunérés, l'astuce la plus basique consiste à réduire drastiquement son salaire en France (puisque le FISC prend tout) et à se faire verser de discrètes mais très substantielles primes -ou stock-options- par des filiales, dans l'idéal implantées dans des paradis fiscaux.
Voici les 14 tranches.
- 1 % pour la fraction supérieure à 0 E et inférieure ou égale à 10 292 E ;
- 5 % pour la fraction supérieure à 10 292 E et inférieure ou égale à 15 438 E ;
- 10 % pour la fraction supérieure à 15 438 E et inférieure ou égale à 20 584 E ;
- 15 % pour la fraction supérieure à 20 584 E et inférieure ou égale à 27 789 E ;
- 20 % pour la fraction supérieure à 27 789 E et inférieure ou égale à 30 876 E ;
- 25 % pour la fraction supérieure à 30 876 E et inférieure ou égale à 33 964 E ;
- 30 % pour la fraction supérieure à 33 964 E et inférieure ou égale à 38 081 E ;
- 35 % pour la fraction supérieure à 38 081 E et inférieure ou égale à 44 256 E ;
- 40 % pour la fraction supérieure à 44 256 E et inférieure ou égale à 61 752 E ;
- 45 % pour la fraction supérieure à 61 752 E et inférieure ou égale à 102 921 E ;
- 50 % pour la fraction supérieure à 102 921 E et inférieure ou égale à 144 089 E ;
- 55 % pour la fraction supérieure à 144 089 E et inférieure ou égale à 267 594 E ;
- 60 % pour la fraction supérieure à 267 594 E et inférieure ou égale à 411 683 E ;
- 90 % pour la fraction supérieure à 411 683 E (avec les compliments de Bercy !)

Si une telle grille était mise en place ce serait une vraie " révolution ", car le saviez-vous : la Chine communiste, égalitaire et sociale applique la même grille... que la France, avec un taux d'imposition maximum de 45% !

En Bolivie, pays considéré comme l'un des plus " à gauche " de l'Amérique du Sud (Evo Morales a dirigé ce pays 14 ans jusqu'en 2019, largement le temps d'augmenter l'IRPP des " riches "), le taux marginal d'imposition le plus élevé est de 35%... au Venezuela, souvent mentionné comme repoussoir et quintessence d'un système collectiviste, le taux marginal le plus élevé est de... 45%, la TVA de 12% (contre 20% en France, l'UE tolère jusqu'à 22%).

Il n'est pas certain que rajouter unilatéralement quatre nouvelles tranches d'imposition en France au-delà de 45% et jusqu'à 90% soit conforme aux règles fiscales européennes : que feraient des salariés étrangers installés en France (exception faite des " impatriés " qui bénéficient d'une exonération de 30% sur leur rémunération nette totale) qui perdraient du jour au lendemain 60% ou plus de leurs revenus ?

Quant aux français les mieux payés, le NFP compte évidemment sur leur patriotisme !

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