BCE: baisse de taux bienvenue, mais trajectoire incertaine
(CercleFinance.com) - La décision de la BCE d'abaisser ses taux directeurs pour la première fois depuis 2019 constitue une bonne nouvelle pour l'économie européenne, mais n'augure en rien d'un cycle durable d'assouplissement monétaire, préviennent jeudi analystes et économistes.
"C'est la première fois que la BCE baisse ses taux avant la Fed depuis la création de la BCE", note Florian Ielpo, le responsable de recherche macroéconomique chez Lombard Odier Investment Managers.
Au-delà de cette avance prise vis-vis de la Réserve fédérale américaine, certains professionnels jugent que cette baisse peut paraître contre-intuitive au moment où la croissance européenne redémarre et où l'évolution de l'inflation reste cahoteuse.
"Nous ne pensons pas que la BCE pourra aller très loin et très vite dans ses réductions de taux", prévient Ann-Katrin Petersen, stratège au BlackRock Investment Institute.
"Les investisseurs doivent bien garder une chose en tête: les taux dans la zone euro sont appelés à rester structurellement plus élevés que leur niveaux d'avant la pandémie", assène-t-elle.
Un avis partagé par Mark Wall, l'économiste en chef pour l'Europe de Deutsche Bank.
"Nous ne sommes pas face à une banque centrale qui est pressée d'abaisser ses taux", fait-il remarquer.
Au vu de la dynamique favorable des récents indicateurs d'activité et des chiffres de l'inflation plus élevés que prévu, la trajectoire future de l'assouplissement semble donc très incertaine.
"Nous nous attendons à ce que les décideurs de la politique monétaire maintiennent une approche dépendante des données", prédit Gurpreet Garewal, stratège chez Goldman Sachs Asset Management.
Dans leur majorité, les analystes tablent désormais sur une ou deux autres baisses de taux d'ici la fin de l'année.
"Les données récentes sur l'inflation dans la zone euro indiquent qu'il n'est pas nécessaire qu'elle réduise à nouveau ses taux lors de sa prochaine réunion de politique monétaire en juillet, mais nous pensons qu'un nouvel assouplissement pourrait avoir lieu en septembre", estime Monica Defend, directrice d'Amundi Investment Institute.
Une autre baisse de taux pourrait également intervenir en décembre, à en croire certains professionnels de marché.
"La BCE dispose d'une marge de manoeuvre pour procéder à de nouvelles réductions au second semestre, car les politiques monétaires seront encore perçues comme restrictives", juge Mauro Valle, chez Generali AM.
"Sans revenir aux taux artificiellement bas des années 2017-2022, on peut raisonnablement espérer retrouver des taux de crédit moyens avoisinant 3,30% en fin d'année", pronostique Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI.
Point favorable, la décision de la BCE devrait permettre de soutenir la reprise de la croissance qui se profile depuis le début de l'année.
"Cette initiative devrait stimuler un redressement de la croissance du PIB via de moindres coûts de financement, mais la grande inquiétude est aussi qu'elle réveille de nouveau les tensions inflationnistes", s'alarme Mahmoud Alkudsi, analyste marchés chez ADSS.
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