Wall Street: Bernanke, Paulson, Spitzer douchent les marchés
(Cercle Finance) - L'optimisme qui prévalait depuis lundi à Wall Street s'est largement dissipé avec le diagnostic économique de Ben Bernanke qui ressemble singulièrement à un "portrait en creux" d'une économie sur le point d'entrer en récession, même si les précautions de langage donnent à croire que le scénario privilégié est celui d'une "croissance lente".
Le patron de la FED ne dissimule pas aux membres du Congrès que l'année 2008 demeure pleine d'incertitudes, liées à l'ampleur de la crise de l'immobilier. Il promet une nouvelle fois de "faire le nécéssaire" (nouvel assouplissement monétaire le 18 mars prochain ?) pour favoriser un rebond de la croissance (qu'il entrevoit déjà pour le 2ème semestre 2008).
"Hank" Paulson confirme le scénario de la "croissance lente" et rejette le concept de récession, jugeant que la réinjection de 168Mds$ de pouvoir d'achat sur 2 ans (certains pensent que ce ne sera que du comblement de passif) devrait provoquer des effets positifs dès cet été (à 3 mois des présidentielles, ce serait un "timing" parfait pour les Republicains).
Autre motif d'inquiétude pour les marchés, le gouverneur de New York et ex-procureur Eliot Spitzer évoquait en début de journée le risque systémique (un "tsunami financier") que ferait peser la déconfiture des "réhausseurs de crédit"... et c'est précisément le jour qu'a choisi Moody's pour abaisser de 6 crans la notation du "monoliner" FGIC (filiale de PMI Group et Blackstone notamment) de triple-A à AA3.
FGIC n'est pas coté et Moody's se donne un mois pour revoir son "rating" sur MBIA et Ambac Financial (dont les notes sont maintenues): ces deux titres ont bondi de +8,4% et +13,4% respectivement.
Concluant que la conjoncture US n'est pas brillante et que la crise des dérivés de crédit n'a pas fini de faire trembler le secteur bancaire, le Dow Jones a perdu 1,40% à 12.375Pts et le Nasdaq -1,75% à 2.333Pts.
Le "Standard and Poor's 500", plombé par la distribution et les valeurs financières a chuté de -1,35% (sous les 1.350Pts).
La crise des subprime ne se résume pas aux pertes colossales (-13,7Mds$)annoncées par UBS ce jeudi: Eliot Spitzer décoche également ses flêches contre l'administration Bush, la SEC et tous les acteurs financiers de l'industrie des dérivés de crédit (banques, agences de notation...), les uns étant responsables d'avoir dérégulé le secteur, les autres d'avoir laissé se développer une bulle de mauvaises créances prospérer des pratiques commerciales déloyales dont sont victimes des centaines de milliers d'emprunteurs menacés d'être jetés à la rue.
La bonne suprise causée par la contraction de -7% du déficit commercial américain au mois de décembre (à 58,75Mds$ et 711Mds$ sur l'ensemble de l'année 2007 contre 758,5Mds$ en 2006) fut occulté par le repli qualifié (par la NAR) de "plus rapide de l'histoire" du prix des maisons au 4ème trimestre 2007 (-5,8% à 206.200$ en moyenne).
Dans certains régions frappées par les déboires du secteur automobile, textile... ou une spéculation effreinée sur l'immobilier de loisir (Floride, Nevada, Arizona...), les prix des maisons ont parfois chuté de -20% en un an (et sous le seuil des 100.000$ en moyenne dans l'Ohio, dans les environs de Detroit et certaines poches industrielles sinistrées du Michigan).
Les valeurs technologique n'ont pas servi de refuge face à la rechute des cycliques: Nvidia plongeait de -16%, Flextronics de -7%, Network Appliance de -6% (ce qui efface les gains de la veille), Paccar de -4,6%,Sandisk de -3,9%, Applied Materials et Intel de -3,6% et Dell de -2,5%.
La dernière séance de la semaine, dite des "3 sorcières" ne se présente pas sous les meilleurs auspices... à moins que les indices asiatiques ne renouvellent l'exploit de jeudi matin.
Les gains ont atteint +1,5% à Shangai, +3,5% à Hong Kong et +4,3% à Tokyo, dopé par une croissance de +3,7% du PIB, dans le sillage de la locomotive chinoise... qui continue de dégager des excédents records -de 256Mds$- face aux Etats Unis.
Ph Béchade
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