Ubisoft: a quel jeu joue Electronic Arts?.
(Cercle Finance) - Après avoir fait sensation à la fin 2004 en s'invitant au capital d'Ubisoft, le leader mondial de l'industrie des jeux vidéos, Electronic Arts, a stipulé il y a une semaine dans la déclaration d'intention qui a accompagné le franchissement du seuil de 20% des droits de vote de son concurrent français qu'il n'écartait ni l'option d'une prise de contrôle d'Ubisoft, ni celle d'une cession partielle ou totale de sa participation.
En mettant récemment l'accent sur le caractère " stratégique " de son investissement dans Ubisoft, le président d'Electronic Arts n'entend manifestement pas se séparer de ses 19,77% du capital d'Ubisoft même cette participation recèle une plus value potentielle de 46 millions d'euros (EA a acquis ses titres au prix unitaire de 19,69E).
Le portefeuille prometteur du numéro deux français justifie à lui seul l'intrusion non sollicitée du géant californien. Pour qu'EA accepte d'aller plus loin et de contrôler Ubisoft, il lui faudra obtenir au préalable un accord tacite des frères Guillemot.
L'éditeur américain dispose sur le papier des moyens financiers suffisants pour absorber Ubisoft, mais également Eidos, Infogrames et VU Games en puisant simplement dans son trésor de guerre, mais il veillera à procéder par étape concernant UBI car la réussite du groupe hexagonal est étroitement associée à celle de la famille Guillemot et un désaccord avec cette dernière pourrait engendrer une " fuite des cerveaux " en cas de raid hostile.
En bon stratège, EA a du par ailleurs remarquer que la Galaxie Guillemot avait renforcé récemment son poids dans Ubi au point d'en contrôler à présent 16,3% du capital et 22,7% des droits de vote. En nouant un pacte avec des institutionnels français ou en initiant une fusion Ubi-Gameloft, les Guillemot pourraient même disposer d'une minorité de blocage, point que ne peux bien évidemment pas occulter Electronic Arts en cas d'offre.
Ce sont les raisons pour lesquelles la direction d'EA a initié des pourparlers exploratoires avec la famille Guillemot afin de faire avancer le dossier et de tenter de trouver une solution " concertée ".
Le Wall-Street Journal, qui a révélé ce matin l'existence de ces discussions préliminaires, souligne que celles-ci porteraient à la fois sur le prix que débourserait EA dans l'hypothèse d'une OPA amicale et sur la recomposition de l'organigramme qui s'en suivrait.
EA a beau être le plus puissant éditeur au monde avec une capitalisation boursière de près de 20 milliards de dollars et une trésorerie évaluée autour de 3 milliards de dollars, il doit respecter des critères strictes en matière d'acquisition (sous peine de se faire rappeler à l'ordre par ses actionnaires) ce qui exclut une prime substantielle par rapport aux niveaux actuels -le cours atteint aujourd'hui par le titre est supérieur de 67% à celui qu'il a déboursé pour prendre 19,9% du capital !-.
Il lui faudra malgré mettre sur la table entre 35 et 40E par action s'il veut effectivement obtenir l'approbation d'Yves Guillemot et assurer ainsi le succès de son offre.
De l'issue des discussions engagées entre les deux parties dépendra donc l'avenir d'Ubisoft...
Un recours à un " chevalier blanc " ne peut pas être écarté en cas de différend persistant sur le prix. Les regards se tourneront alors vers Viacom, Time Warner, Disney et News Corp qui ont exprimé récemment leur intérêt pour le secteur. Notons que Vivendi Universal, qui a démenti toute discussion entre sa filiale VUG et Ubi, ne devrait pas être indifférent au sort de son compatriote même si les valorisations actuelles apparaissent plutôt dissuasives pour un acteur tel que VUG.
R Bakhtaoui.
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