Stellantis: les avis des analystes
Après le 'profit warning' du groupe
RBC a annoncé vendredi avoir dégradé son opinion sur le titre Stellantis, ramenée de "surperformance" à "performance en ligne avec le secteur" avec un objectif de cours abaissé de 17 à 13 euros.
Dans une note, le courtier canadien étaye sa décision par le "profit warning" lancé en début de semaine par le géant de l'automobile, mais aussi par une analyste complémentaire réalisée sur le constructeur.
De son point de vue, bon nombre de facteurs restent favorables au dossier dans une optique de long terme, comme la faible exposition du groupe au marché chinois, son bon positionnement en Europe en matière de décarbonation ou la qualité de son offre aux Etats-Unis.
RBC juge par ailleurs que Stellantis pourrait renouer avec des marges à deux chiffres, soit bien mieux que GM ou Ford, à condition que son processus de déstockage ne se fasse pas trop aux dépends des prix.
En dépit de ces éléments encourageants, RBC souligne toutefois que ses travaux de recherche laissent entrevoir de nouvelles pressions sur les tarifs, et donc de possibles révisions à la baisse des prévisions de résultats pour 2025.
Depuis son avertissement de lundi, Stellantis a fait l'objet d'une importante vague de dégradations de recommandation, d'objectif de cours et d'estimations de résultats, notamment de la part des analystes de Barclays hier.
Barclays a en effet dégradé jeudi sa recommandation sur le titre Stellantis, ramenée à "pondération en ligne" contre "surpondérer" jusqu'à présent.
L'analyste, qui abaisse par ailleurs son objectif de cours de 23 à 12,5 euros, reconnaît dans une note de recherche qu'il s'est trompé sur le dossier au vu du sévère avertissement lancé par le constructeur la semaine passée.
Le bureau d'études admet en particulier avoir trop tardé à avoir pris conscience des problèmes concernant le niveau des stocks et des pertes de parts de marché en Europe comme aux Etats-Unis.
Barclays, qui souligne que le titre accuse désormais un repli de 41% cette année contre un recul de 11% pour l'indice STOXX Europe 600 Automobiles & Parts, indique ne pas envisager de redressement avant le premier semestre 2025, ce qui le conduit à réduire de 33% à 45% ses prévisions de résultats pour la période 2024-2026.
Dans sa note de recherche, le professionnel estime toutefois que la perspective de l'atteinte d'un flux de trésorerie disponible (FCF) annuel de l'ordre de six milliards d'euros à moyen terme ne reste pas "inconcevable".
Stifel confirme en revanche sa note d'achat sur le titre Stellantis avec un objectif de cours réduit de 23 à 15,5 euros.
" À la suite d'une nouvelle révision à la baisse des prévisions - surprenante par son ampleur - nous avons révisé nos estimations de BPA jusqu'en 2026 avec une baisse moyenne de 36 % ", indique l'analyste.
Stellantis a en effet abandonné ses prévisions "résistantes aux intempéries", suggérant désormais une marge opérationnelle ajustée comprise entre 5,5 % et 7 %, et une consommation de trésorerie entre -5 et -10 milliards d'euros.
" Comment une baisse marginale de plus de 100 000 unités (en Amérique du Nord) peut-elle entraîner une réduction de trois quarts des bénéfices du second semestre 2024 pour une entreprise qui a longtemps revendiqué la base de coûts la plus basse de l'industrie ? ", s'interroge l'analyste.
" Notre perception d'une exécution cohérente et irréprochable par la direction de Stellantis a été sérieusement ébranlée. De plus, les perspectives de retours solides aux actionnaires ont été éliminées par la consommation significative de trésorerie en 2024 ", ajoute-t-il.
Tout en maintenant son conseil "conserver" sur Stellantis, Jefferies abaisse son objectif de cours de 15 à 14 euros, après l'avertissement sur résultats lancé par le constructeur automobile franco-italo-américain.
Cet avertissement amène le broker à réduire ses propres attentes pour l'année 2024, de 34% sur l'EBIT ajusté à 10,2 milliards d'euros (soit une marge de 6,4%), et à tabler désormais sur un free cash-flow négatif de 6,2 milliards.
"La réinitialisation des stocks n'est que la première étape de la reprise pour un modèle d'affaires et une équipe de direction qui doivent démontrer leur capacité à gérer la taille et les marques pour reconquérir des parts de marché", prévient-il en outre.