Marché: l'analyse de Pictet AM sur le découplage Europe/USA
(CercleFinance.com) - Alors que l'Europe traverse une phase de vulnérabilité économique, marquée par des problèmes conjoncturels et structurels, Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, est revenu lundi 2 décembre sur le découplage économique observé entre le vieux continent et les Etats-Unis.
Symptôme de ce phénomène, en Allemagne, près d'une entreprise manufacturière sur deux peine à remplir ses carnets de commande - soit un niveau comparable à celui-de la crise de 2008. " Il y a vraiment un problème en matière de dynamique macroéconomique ", souligne l'analyste.
La situation politique reste par ailleurs tendue dans plusieurs économies de la zone européenne. Pictet estime que plusieurs gouvernements ou coalitions en place pourraient faire les frais des tensions, notamment en France, en Allemagne, en Espagne ou encore les Pays-Bas.
" Nous avons finalement une conjonction d'instabilité politique l'année prochaine dans ces pays et cela ne nous semble pas avoir été totalement 'pricé' par les marchés financiers, et notamment par les investisseurs ", estime l'expert de Pictet.
En revanche, la banque de gestion estime que l'épineuse question des droits de douane entre l'Europe et les États-Unis ne devrait pas jour de rôle déterminant. "Même si des discussions et un bras de fer pourraient s'engager, cela ne devrait pas avoir d'impact macroéconomique perceptible", juge Chistopher Dembik.
Pour lui, la seule inconnue réside plutôt dans le taux de change. "S'approcher de la parité euro/dollar - ce qui n'est pas notre scénario central - pourrait bien ainsi être un élément aggravant dans le cadre des négociations avec les États-Unis ".
A ce titre, la chute de près de 3% de l'euro par rapport au dollar en l'espace d'un mois traduit très nettement le différentiel de performance au niveau des taux et des actions entre Europe et USA. Un phénomène par ailleurs amplifié par des flux d'investissement sortants de l'Europe et entrants aux États-Unis.
Dans ce contexte, " il est difficile d'être positif sur l'Europe " en raison de la domination persistante des grandes valeurs américaines, notamment les " Sept Magnifiques" [soit Alphabet, Amazon, Meta (ex-Facebook), Apple, Microsoft, Nvidia et Tesla] qui surpassent en capitalisation l'ensemble du marché boursier européen.
La performance économique des Etats-Unis s'inscrit d'ailleurs dans une tendance de long terme : " Sur 10, 20 ou 30 ans, les actions américaines surperforment systématiquement les actions européennes ", fait remarquer Pictet.
La banque de gestion recommande ainsi aux investisseurs de privilégier le marché américain, où les rendements restent attractifs quand la bourse de Paris, dominée par le secteur du luxe (environ 30%), subit une pression accrue, notamment liée à la montée en gamme des produits chinois.
Enfin, Pictet regarde de près la thématique de la dette des pays émergents où le niveau d'endettement est parfois " tout à fait soutenable " et peut offrir un rendement proche des 7%.
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