MarchésMarché: 2025, opportunités et incertitudes selon RothschildLe groupe Edmond de Rothschild, spécialisé dans la banque privée et la gestion d'actifs, a dévoilé jeudi 5 décembre ses perspectives économiques et financières pour 2025.
Selon Benjamin Melman, Global CIO Asset Management, l'année sera marquée par de forts enjeux aux États-Unis, avec une économie florissante mais aussi plusieurs inconnues liées à la radicalité et à l'imprévisibilité du prochain locataire de la Maison-Blanche. " Pour une société comme la nôtre, la question reste finalement de voir si le risque est bien rémunéré. Et la réponse est clairement non ", affirme le spécialiste en exhibant la courbe atone des ratios rendement/risque sur les marchés américains. Par ailleurs, si l'inflation a nettement reflué ces derniers mois aux États-Unis, les marchés s'interrogent quant à la possibilité de franchir " the last mile ", à savoir ramener l'inflation de 3 % à 2 %. Selon E. de Rothschild, plusieurs facteurs - outre l'élection de Trump - devraient contribuer à désancrer les anticipations d'inflation. " Le 1er élément, c'est évidemment un déficit public qui, selon nous, devrait dépasser les 7 points de PIB aux États-Unis. Et deuxièmement, il y a toutes ces histoires de menaces sur l'indépendance de la Réserve fédérale ", souligne Benjamin Melman. La banque s'inquiète aussi de la promesse trumpienne d'expulser 1,3 million d'immigrants illégaux, une mesure qui pourrait déséquilibrer des secteurs clés comme la construction. " Les milieux économiques sont clairement contre ", relève Benjamin Melman. " Sur le plan économique, c'est un risque très important ", ajoute-t-il. Dans ce contexte, " nous sommes stratégiquement neutres sur les actions et les obligations. On ne souhaite pas se porter de façon agressive sur un marché ou sur un autre dans ce contexte d'incertitude ". La banque précise toutefois attendre des éclaircissements, notamment sur l'inflation et sur les mesures d'expulsion, mais reconnaît qu'à court terme, la surpondération des actions américaines est " difficile à combattre ". L'Europe, des actions bon marché et des opportunités Caroline Gauthier, co-responsable des actions chez E. de Rothschild, est revenue quant à elle sur " cette petite musique qui a accompagné les marchés cette année ", une mélodie reprise en choeur par les experts et laissant entendre que " les USA, c'est génial, et l'Europe sans espoir ". Selon la spécialiste, la situation serait en réalité un peu plus nuancée. " Si vous regardez la performance du MSCI en Europe cette année, on est à plus 9 %, ce qui est tout à fait décent ", argue-t-elle. Selon elle, la sous-performance historique des indices européens par rapport aux USA (près de 20/25 points) est surtout imputable aux flux massifs subis par les actions européennes tout au long de l'année à chaque mauvaise nouvelle (dissolution en France, élection de Trump, enlisement de la situation en Ukraine...). " On se retrouve à des niveaux de décote historiques de 40 % sur les actions européennes par rapport aux États-Unis, soit deux fois plus que la moyenne historique sur 20 ans. De plus, cette décote touche tous les secteurs, ce qui est inédit ", indique Caroline Gauthier qui se veut toutefois rassurante : " on pense que le pic de négativité a été atteint ". Ainsi, " toute bonne nouvelle serait de nature à enclencher de nouveaux flux sur la zone ". L'experte de chez Rothschild met d'ailleurs en avant les résultats des sociétés européennes. " Lorsque l'on compare l'évolution des BPA sur 5 ans, on est à +33 % pour le MSCI Europe et +41 % pour le S&P500. Il n'y a donc pas ce différentiel que l'on observe dans le PIB ", souligne-t-elle. Par ailleurs, sur le MSCI EMU (soit purement sur la zone euro), les BPA sont à +40 %. L'enseignement ? Les sociétés de la zone euro ne sont pas le reflet du PIB de la zone euro. La raison ? " Les sociétés cotées de la zone euro réalisent 60 % de leur CA en dehors de l'Europe. Elles sont donc beaucoup plus exposées à la croissance mondiale qu'à la croissance européenne. Et on a ce même message sur la France : les sociétés françaises sont finalement très peu exposées au PIB de la France ". Rothschild met ainsi en avant la résilience des sociétés du vieux continent qui ont su démontrer leurs capacités d'adaptation en temps de crise, souligne l'experte. Par ailleurs, les élections anticipées en Allemagne en février pourraient favoriser un gouvernement plus pro-entreprises, avec une possible relance budgétaire. Un regain de consensus franco-allemand pourrait renforcer les investissements à long terme. La banque évoque ainsi des opportunités dans les secteurs cycliques ainsi que sur les valeurs françaises, particulièrement exposées à l'international. La Chine, un marché à surveiller La banque Rothschild est enfin revenue sur le plan de relance chinois et ses mesures structurelles qui visent à redonner confiance aux marchés. " À un moment où plus de la moitié des investisseurs mondiaux considéraient le marché chinois comme non-investissable, il semble que le marché actions soit redevenu un objectif pour les autorités avec son lot de mesures de soutien ", note Benjamin Melman. L'expert fait remarquer que les dépôts en cash des ménages chinois ont atteint des niveaux records. "On parle de sommes astronomiques, souligne l'expert. Il y a des tonnes de cash sur les dépôts chinois qui ne demandent qu'à être investies. Le retour de la confiance des ménages qui permettrait de débloquer cette épargne changerait la donne". La banque fait d ailleurs état de premiers signes de reprise dans l'immobilier, un secteur clé qui était à l'origine du ralentissement économique. Ainsi, malgré son caractère spéculatif et une gouvernance complexe, le marché chinois présente des opportunités, assure la banque. " On ne veut pas être à l'écart de ce marché et on regarde donc ce qui s'y passe avec grand intérêt", conclut le spécialiste. Copyright (c) 2024 CercleFinance.com. Tous droits réservés. |