Accueil > Actualité
Actualite financiere : Actualite bourse

Pétrole: Riyad perd la bataille du 'shale', selon AlphaValue

(CercleFinance.com) - Analyste vedette chargé des hydrocarbures chez le bureau d'études parisien AlphaValue, Alexandre Andlauer en est convaincu : maintenant que le cours du Brent se rapproche des 40 dollars, il est temps de repasser à l'achat.
Principal argument : la stratégie de volume adoptée par l'Arabie saoudite pour contrer la montée en puissance des producteurs non conventionnels (“shale oil”) nord-américains ne fonctionne pas. Elle coûte de plus trop cher à l'Opep dans son ensemble, qui pourrait donc changer de pied, a priori en décembre.

Certes, "le point bas pourrait n'être pas encore atteint, mais de tels niveaux ne sont pas soutenables", indique une note de recherche. Principaux éléments explicatifs du dernier accès de baisse : du côté de l'offre, et aux Etats-Unis, l'accumulation de stocks de marché, doublée de celle du nombre de forages de puits non conventionnels. Du côté de la demande, les anticipations relatives à la consommation chinoise se tassent dans le sillage des prévisions de croissance, sans oublier un sentiment de marché devenu très négatif.

Au point que le Brent se rapproche des 40 dollars : AlphaValue estime que ce niveau “seuil de douleur” est susceptible d'induire un changement de pied de la part de l'Arabie saoudite, qui a brusquement choisi l'an dernier d'opter pour une stratégie de part de marché (soit de volume, et non plus de prix) face à la montée en puissance rapide des extractions pétrolières nord-américaines.

En effet, cette stratégie a largement contribué à la chute du prix du brut depuis un an. Certes, des producteurs de "shale oil" américains ne peuvent plus tenir aux prix actuels, ce qui devrait amener la production de ce pétrole non conventionnel à se contracter de 500.000 à 1,2 million de barils/jour (elle est actuellement de 4,5 millions de barils/jour). Mais aucune baisse ne devrait se matérialiser avant novembre.

En fait, par exemple dans le "shale oil" du Dakota du Nord, les producteurs ont tenu bon tant que les cours dépassait leur prix de revient, soit 60 dollars le baril, jusqu'en juillet. Ils ont donc continuer de forer. Autre raison, de nature juridique : ces producteurs doivent légalement continuer de forer, selon les clauses de leurs contrats de concession. Bref, la production nord-américaine de "shale oil" du Dakota du Nord est bien partie, selon AlphaValue, pour se maintenir vers 1,2 million de barils/jour ces deux prochaines années. Et ce d'autant plus que les compagnies ont drastiquement réduit leurs coûts.

"Et c'est alors que le scénario change du tout au tout pour les Saoudiens", écrit Alexandre Andlauer. Le principal producteur du cartel pétrolier de l'Opep a emmené derrière lui, bon gré mal gré, les autres membres contre le “shale oil” américain. Mais "dans toute sa brutalité, le fait est que les Saoudiens sont en train de perdre la bataille", écrit l'analyste AlphaValue.

Riyad aurait d'abord sous-estimé la résilience et la capacité des producteurs nord-américains à réduire leurs coûts. Il aurait aussi surestimé sa propre stratégie de volume. L'Opep avait d'ailleurs pronostiqué l'an dernier que sa nouvelle politique devrait jouer sur les prix à partir de mi-2015 : c'est manifestement manqué.

En pendant ce temps, cette stratégie coûte cher : en tenant compte non seulement du prix de revient technique de leur production, mais aussi du coût budgétaire (lié aux mesures sociales internes financées avec l'argent du pétrole par les Etats de l'Opep), les producteurs du cartel sont très majoritairement dans le rouge aux cours actuels. L'Algérie, l'Irak, la Libye et le Nigeria seraient les membres les plus fragiles, le Venezuela étant déjà au 36è dessous. Et vers 40 dollars, Riyad souffre aussi.

Au sein de l'organisation, la pression risque donc fort de monter pour un revirement stratégique. Car même Riyad, qui a récemment augmenté sa production, ne peut pas tenir indéfiniment : vieille de près d'un an, la politique actuelle lui coûte 120 milliards de dollars chaque année tirés sur des réserves de 650 milliards, calcule AlphaValue. Mais l'Arabie saoudite ne peut consommer son bas de laine en totalité, sauf à perdre de son influence sur le marché pétrolier. Riyad est d'ailleurs en train de relever ses volumes d'émissions d'obligations d'Etat.

Baissier sur le pétrole depuis 2012, AlphaValue a donc révisé son opinion : le bureau d'études conseille désormais d'être acheteur vers 40 dollars le baril.

D'une manière générale, les prix actuels devraient induire une baisse générale de la production mondiale proche de deux millions de barils/jour. Et le retour du cours du brut de 60 à 40 dollars devrait doper la demander de 500.000 barils/jour.

M. Andlauer anticipe toujours une remontée très progressive du baril à 57 dollars en 2016, puis 65 dollars en 2017 avant de 60 à 70 dollars entre 2018 et 2020.

AlphaValue est également acheteur des actions BP et Statoil, et préconise aussi de jouer Shell contre BG Group (en long/short). Le 'deal' de fusion, qui valorise BG Group vers 90 dollars le baril, pourrait selon le bureau d'études être annulé.


Copyright (c) 2015 CercleFinance.com. Tous droits réservés.
Les informations et analyses diffusées par Cercle Finance ne constituent qu'une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de Cercle Finance ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l'utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.
 

societes

marches

tendances

 
Qui sommes-nous ? | Nous contacter | FAQ | Mentions légales | RSS | © Copyright 2007 Cercle Finance. Tous droits réservés.