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Marché: IG France pointe les fragilités américaines

Les marchés financiers vont-ils devoir composer avec un ralentissement de l'économie états-unienne ? Entre l'incertitude générée par les droits de douane depuis le " Liberation Day ", la croissance US vacillante, une possible guerre commerciale et la dégradation de la note du crédit par Moody's, les marchés naviguent dans un brouillard d'incertitudes.

" La baisse de la note de Moody's a suscité une nouvelle vague d'inquiétudes sur la trajectoire de la dette publique américaine et la soutenabilité des déficits dans un contexte de taux d'intérêt durablement élevés ", expliquait en substance Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez IG France, lundi 19 mai, au cours de son rendez-vous trimestriel avec la presse.

L'agence de notation rapporte que la dette US a " dévié de manière préoccupante " ces dix dernières années, entraînant une hausse significative des coûts d'intérêt.

"Ce qui amplifie la gravité de la situation, c'est que Moody's était la dernière agence de notation à maintenir la note AAA pour les États-Unis. Le fait qu'elle tire la sonnette d'alarme donne plus de poids aux inquiétudes sur le niveau d'endettement et la capacité du pays à financer ses déficits", analyse Alexandre Baradez.

De plus, la dégradation de Moody's intervient alors que l'économie américaine montre des signes de fragilité, avec une contraction surprise de 0,3 % du PIB au premier trimestre, rompant avec la dynamique positive des mois précédents.

Selon IG France, la contraction du PIB des Etats-Unis s'explique notamment par la baisse des dépenses gouvernementales, qui devrait se poursuivre dans les prochains trimestres. Cette réduction apparaît à la fois cyclique et structurelle, dans un contexte où le pays cherche à maîtriser son déficit croissant, passé de 3 % à plus de 6 % du PIB depuis la crise du Covid-19.

" Réduire les dépenses publiques est indispensable, mais cela augmente mécaniquement le risque de récession ", avertit Alexandre Baradez.

Par ailleurs, la Fed se montre prudente, tardant à réduire ses taux, malgré un indice Core PCE stable à 2,6 %. L'institution est en effet freinée par le dossier des " tarifs ", craignant que ces derniers n'entraînent un rebond du prix des biens importés.

" La guerre commerciale reste la principale source d'incertitude, davantage que les variations des matières premières ", estime Alexandre Baradez. Ce contexte tendu maintient l'inflation globale à un niveau élevé, alors que les prix des services tendent à se stabiliser.

Si l'imposition de taxes douanières, génère pour le Trésor américain des recettes substantielles - estimées entre 300 et 400 milliards de dollars en 2024 - " cette politique soulève la question de sa durabilité, puisque le taux effectif des droits de douane a grimpé à un niveau historiquement élevé de 15 à 16 %, comparable au niveau de l'après-guerre ", souligne Alexandre Baradez.

Les perspectives pour 2024 restent mitigées, avec une croissance oscillant entre 0,5 % et 1 %, nettement inférieure aux années précédentes. Si la consommation des ménages et l'investissement des entreprises montrent une certaine résilience, la faiblesse des exportations et la poursuite du recul des dépenses publiques pourraient peser lourdement sur l'activité.

Sur les marchés, la réaction aux annonces de Moody's témoigne des préoccupations liées aux déficits et à la politique commerciale. La Fed a également réduit son bilan, ralentissant le soutien monétaire à l'économie.

Contrairement aux interventions massives passées, les aides budgétaires et monétaires sont aujourd'hui limitées, ce qui accroît le risque de récession — estimé entre 30 % et 50 % par plusieurs grandes banques américaines.

Malgré un repli récent des valorisations, le marché reste sur des niveaux élevés. Le ratio cours/bénéfices (P/E) du S&P 500 a grimpé à 21,5, un niveau jugé " excessif " par Alexandre Baradez, qui rappelle qu'" historiquement, des valorisations aussi élevées ont précédé des corrections sévères, comme lors de la bulle internet ou la crise Covid ".

" L'équilibre reste fragile, et l'évolution des prochains trimestres dépendra de la capacité des consommateurs et des entreprises à maintenir leurs dépenses ", conclut Alexandre Baradez.

Tandis que l'Europe apparaît désormais aux yeux des marchés comme une zone de stabilité, les États-Unis doivent composer avec des risques élevés, tant sur le plan économique que financier.

Dans ce contexte, les marchés suivront de près la nouvelle adjudication du Trésor américain prévue ce 22 mai à 19h, portant cette fois-ci des obligations à 10 ans, dont le rendement est ajusté à l'inflation.

Pour rappel, les marchés financiers ont plutôt mal digéré l'adjudication du Trésor américain hier soir portant sur des obligations à 20 ans, en raison notamment d'une demande un peu plus faible (" Bid-to-cover " inférieur à l'adjudication précédente sur 20 ans) témoignant de la défiance des marchés vis-à-vis de la dette US.

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